Journal Pavillon Noir N°2

Pavillon Noir n°2 (numéro de janvier) est sorti il y a quelques jours !

Vous pouvez le consulter et télécharger librement dans l’onglet Journal de notre blog.

Nous en déposons régulièrement une version papier au Biblio-Café à Poitiers, et dans d’autres lieux du coin. Le journal papier est à prix libre, car nous le tirons à nos propres frais. Aussi, n’hésitez pas à déposer une petite contribution de temps à autre pour nous aider à régler les frais d’impression (et de ré-impression, car le canard part très vite).

De même, vous pouvez nous envoyer vos articles, brèves, dessins, et bien entendu vos remarques et critiques. Nous travaillons déjà activement au prochain numéro de février.

Bonne lecture !

Pavillon Noir

[LGV Poitiers-Limoges] « C’est à se demander s’il ne faut pas faire une ZAD (Zone à défendre) pour être pris en compte »

NdPN : voir http://pn86.noblogs.org/?p=13022

LGV Poitiers-Limoges : jeu de dupes sur toute la ligne

La signature surprise de la déclaration d’utilité publique (DUP) de la ligne à grande vitesse a semé l’incompréhension tout au long du tracé.

 Tout semblait réglé et l’histoire a déraillé. Dimanche, Nicolas Bourmeyster et les membres du collectif « Non à la LGV Poitiers-Limoges » ont appris que la déclaration d’utilité publique avait été signée contre toute attente la veille (lire notre édition de lundi). DUP, marché de dupes. « Ce fut une surprise totale, rappelle la figure de proue des opposants. Pour nous, le dossier était enterré. Nous avions obtenu un rendez-vous début décembre au ministère de l’Écologie. Pour justifier son annulation, on nous a dit en substance : «  Ce n’est la peine de vous recevoir puisque le projet est mort. «  Et la DUP est signée quelques heures avant la date butoir ! »

 » Elle est dans le périmètre. C’est foutu  »

Elle était fixée au 12 janvier. Le lendemain mardi, le conseil d’administration du collectif tenait une réunion programmée de longue date. « On s’attendait à fêter ensemble la nouvelle année et la fin de la LGV. » Las. « Je suis effondré. C’est lamentable. Tout le monde est conscient de l’impossibilité de l’État de réunir suffisamment d’argent pour construire cette ligne. C’est une évidence. Malgré cela, le gouvernement passe en force et impose à des populations une décision qui ne sera pas suivie d’effet. Dans l’esprit des politiques, il y a l’idée que l’avis des citoyens ne compte pas. »
A Nieuil-l’Espoir, Claude Bossis a appris la mauvaise nouvelle lundi dans le journal. A Vernon, il avait repris l’exploitation montée par son père dans les années cinquante. L’éleveur ovin, spécialiste des têtes noires, a la tête dure. Aujourd’hui à la retraite, il ne supporte pas l’idée de voir les terres désormais exploitées par son fils Vincent coupées en deux, le travail d’une vie réduit à néant et le terroir qu’il aime mis en péril. « Tous les éleveurs sur le parcours sont dans le même cas. Ce n’est pas possible que l’on vienne tout nous saccager. Pourquoi ? Pour qui ? Nos revendications sont cohérentes. Les gens de la terre sont pragmatiques. Ils savent réfléchir. Regardez Gizay. Le couloir passe entre un hameau important et le bourg. Cette petite commune va perdre toute possibilité de développement. Elle est dans le périmètre. C’est foutu. Gizay va mourir, on l’a condamnée. »
A Vernon, Vincent Bossis élève 400 brebis qui paissent sur 30 hectares de prairie dont neuf sont impactés par le projet LGV. Il ne cache pas son incrédulité et une certaine exaspération. « Cela n’a pas de sens. Mon entreprise est viable, ma fille étudie et doit prendre la suite. Aujourd’hui, tout cela est mis en péril. Les investissements sont réduits à néant. Pour rien, Par le simple fait du prince. »

à chaud

Les opposants organisent la riposte

Lors sa dernière réunion, le collectif « Non à la LGV Poitiers-Limoges » a sonné la remobilisation générale pour organiser la riposte. « Il y a de la colère, de l’incompréhension et une volonté d’en découdre, affirme Nicolas Bourmeyster. On va aller vers un recours au Conseil d’État, c’est clair. On va manifester très rapidement. On va aller voir les politiques, peut-être en force. En fait, on va reprendre les choses telles qu’on les avait laissées… »
« Nous avons une épée de Damoclès au-dessus de la tête, souffle Vincent Bossis. C’est aberrant. Affligeant C’est à se demander s’il ne faut pas faire une ZAD (Zone à défendre) pour être pris en compte. »
Son père Claude est tout aussi remonté. « Notre combat est collectif. Il n’y a pas que notre affaire personnelle. Il y a aussi un ensemble économique remis en cause. Il y a le voisinage, la vie du village. Tout au long de la ligne la solidarité s’organise. »

Loïc Lejay, Nouvelle République, 15 janvier 2015

S. Royal veut de nouvelles centrales nucléaires

Nucléaire : Ségolène Royal pour la construction d’une « nouvelle génération de réacteurs »

Ségolène Royal veut relancer la construction de centrales nucléaires. Dans une interview au magasine Usine nouvelle publiée mardi 13 janvier, la ministre de l’écologie et de l’énergie propose l’émergence d’une « nouvelle génération de réacteurs, qui prendront la place des anciennes centrales lorsque celles-ci ne pourront plus être rénovées ».

« L’énergie nucléaire est un atout évident », en particulier dans « la construction d’une économie décarbonnée », souligne la ministre, qui concède que des « questions demeurent » sur « la gestion des déchets et l’approvisionnement en uranium ». « EDF doit se positionner dans une offre énergétique variée, prévient Mme Royal. Elle doit être capable de vendre à la Pologne du nucléaire, mais aussi du renouvelable. »

FESSENHEIM FERMÉE EN 2017 ?

C’est la première fois que la ministre évoque la possibilité de construire de nouveaux réacteurs en France. Ces déclarations illustrent l’évolution de sa position sur le nucléaire : pendant la primaire socialiste en 2011, elle avait exprimé le souhait de ramener le nucléaire « à une énergie d’appoint » et s’était prononcée pour une sortie du nucléaire en France à « échéance de quarante ans maximum ». Elle promettait d’abandonner la construction du futur réacteur EPR à Flamanville et d’en faire un site de recherche sur les techniques de démantèlement et les énergies renouvelables.

Mais depuis son entrée au gouvernement, en avril 2014, Mme Royal s’en tient à l’engagement de François Hollande de réduire de 75 % à 50 % la part de l’atome dans le mix électrique français à l’horizon 2025 grâce à la « montée en puissance » des filières renouvelables – c’est une des propositions du projet de loi sur la transition énergétique, qui doit être examiné par le Sénat en février. Le texte, voté à l’Assemblée en octobre, plafonne également la capacité nucléaire de la France à 63,2 gigawatts, son niveau actuel ; ce qui implique que toute mise en service d’un nouveau réacteur soit compensée par la fermeture d’autres centrales de capacité équivalente.
Avec la mise en service prévue en 2017 de l’EPR de Flamanville, la centrale de Fessenheim, doyenne du parc nucléaire français, pourrait donc être fermée, d’autant qu’il s’agit d’un engagement de François Hollande, qu’il a rappelé le 6 janvier, lors de son interview sur France Inter. C’est également l’option désormais favorisée par Ségolène Royal, qui avait pourtant affirmé à plusieurs reprises que d’autres réacteurs pourraient finalement être choisis, en raison du coût économique et social qu’aurait la fermeture de Fessenheim.

Le Monde avec AFP, 13 janvier 2015

[Poitiers] La mosquée de Poitiers visée par un incendie

NdPN : hier soir, au crépuscule d’une journée « d’unité nationale » où des millions de gens sincèrement émus ont manifesté bras-dessus bras-dessous avec les récupérateurs professionnels, avec des adversaires de classe et des fachos, à l’appel hypocrite à la « liberté » de ceux qui diligentent des guerres pour les riches, nous oppriment, nous exploitent, nous mentent et nous divisent au quotidien, et que des dictateurs, des assassins au pouvoir et des responsables de la misère économique et sociale marchaient à Paris dans un commun cynisme bafouant toutes celles et ceux qui défendent la liberté, à l’heure où les forces armées de l’Etat sont partout déployées dans les lieux publics comme pour annoncer les nouvelles lois sécuritaires promises par les dirigeants qui vont bientôt resserrer encore l’étau autour de nos luttes, l’islamophobie passe à un degré supérieur à Poitiers : la mosquée en construction à Buxerolles a été de nouveau la cible d’une agression islamophobe, cette fois-ci incendiaire.

Assez de confusionnisme, assez d »‘unité nationale » avec ceux qui nous tuent au quotidien, assez des fachos, lutte de classe contre toutes les forces autoritaires !

La mosquée de Poitiers visée par un incendie

Des riverains de la mosquée en construction, rue de la Vincenderie, à Poitiers, ont alerté les pompiers ce soir, vers 21h, parce qu’une épaisse fumée s’échappait du bâtiment. Le sinistre a été rapidement circonscrit. Il n’a occasionné que peu de dégâts sur des matériaux d’isolation. Une enquête de police a immédiatement été ouverte. Le chantier étant vide, surtout un dimanche soir, le caractère volontaire de l’incendie laisse donc peu de place au doute. La préfète, Christiane Barret, s’est rendue sur les lieux. Elle n’a pas voulu faire de commentaire, « tant qu’une enquête est en cours ». « Elle m’a assuré que des policiers allaient rester en faction sur les lieux toute la nuit, nous a appris Boubaker el Hadj Amor, l’imam de la mosquée de Poitiers, sur place. De notre côté, il va falloir qu’on organise un système de surveillance. » La mosquée avait déjà été visée par un tag la semaine dernière, « mais là, c’est un incendie, c’est plus pénible ».

Nouvelle République, 11 janvier 2015