[Poitiers] Conditions de détention : pas de  » bergère insoumise « 

Poitiers/Vivonne. Le procès de Christine Ribailly, détenue rebelle accusée d’outrages et violences contre le monde carcéral, a été renvoyé en octobre.

Son comité de soutien était présent. Une douzaine de personnes, invitées par son blog (1) et le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux. Mais Christine Ribailly n’a pas été extraite de la prison de Strasbourg « compte-tenu de la personnalité particulière de la prévenue », a indiqué la gendarmerie dans un courrier lu par le procureur, hier après-midi. La justice envisage donc un transfert administratif dans une prison moins éloignée. Et le procès pour les faits qui lui sont reprochés, lors de son incarcération dans la prison de Vivonne (violence et outrage sur une personne dépositaire de l’autorité publique), aura lieu mardi 6 octobre, à 14 h. Lors de son bref passage derrière les barreaux poitevins, elle avait eu le temps de rédiger des revendications collectives dans la Maison d’arrêt des femmes de Vivonne (lire en savoir plus).

En deux ans de détention, elle a cumulé un an de prison de plus

En octobre, la justice poitevine découvrira comment elle est devenue un mouvement social à elle seule. Christine Ribailly, c’est l’incroyable destin d’une bergère (c’est son métier) insoumise à l’administration pénitentiaire. L’histoire a débuté en décembre 2004. A l’époque, cette femme découvre les codes de conduite d’une épouse de détenu alors que son compagnon purge une longue peine. Un parloir refusé. Sa première garde à vue. Ses quatre premiers mois de prison avec sursis pour « outrage et violence sur personne dépositaire de l’autorité publique. » Elle refuse l’arbitraire de la prison et demande à ce que le code pénal et le code du prisonnier soient respectés. Depuis onze ans, sa vie n’est qu’une accumulation de peines liées à ces faits. Soit parce qu’elle s’est révoltée contre l’administration pénitentiaire, soit parce qu’elle était en manifestation contre Lopssi 2 ou opposée au puçage des moutons. Mais jusqu’en novembre 2012, elle était encore libre de ses mouvements. C’était juste avant que la bergère ne se révolte contre l’arbitraire d’une fouille. Nouvel outrage. Et la rébellion de trop pour la justice. Christine Ribailly est condamnée à deux mois de prison ferme. Depuis trois ans, de mitards en quartiers d’isolement, elle a cumulé de nouvelles longueurs de détention dans toutes les prisons de l’Hexagone. Un cercle vicieux où les conditions d’incarcération qu’elle dénonce pour les autres ne font que l’enfoncer davantage dans les siennes. Est-ce le prix à payer pour son combat ?

(1) https ://enfinpisserdanslherbe.noblogs.org

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Revendications des prisonnières : des payes, à la gratuité du courrier

Voici la liste des revendications des prisonnieres de la Maison d’arrêt des femmes de Vivonne établie en décembre 2014 : « Comme ailleurs, nous voulons des payes correctes, tant aux ateliers qu’au service général ; la suppression des quartiers d’isolement ; le téléphone en cellule ; la mise en place systématique des aménagements de peine sans délais et des transferts en centre de détention dès la condamnation ; la facilitation du téléphone, des parloirs ; la fin des fouilles systématiques ; des repas appétissants. Localement, nous demandons des conditions dignes à la nursery ; l’arrêt des réveils nocturnes, une cour avec de l’herbe, des temps de socialisation pour la maman ; l’accès à l’école pour toutes ; la télé à 8 € par mois ; la fin de l’interdiction des apports aux parloirs (livres, disques, produits d’hygiène…) ; l’ouverture d’une salle de convivialité, systématique quand la météo est mauvaise car il n’y a pas de préau dans la cour ; plus d’activités ; l’accès au terrain de foot (seuls les hommes y ont droit) ; la gratuité du courrier interne : on doit timbrer les lettres pour le quartier hommes. »

Xavier Benoit, La Nouvelle République, 29 avril 2015

[Poitiers] Pellerin nous révèle ce qu’est sa « culture »

NdPN : la culture comme imposition de valeurs nationales pseudo-unitaires au détriment de celles de la révolte et de l’autonomie, comme marché, comme dressage éducatif citoyen permanent, comme négation de la lutte des classes, comme spectacle palliatif misérable à la désespérance individuelle et sociale induite par l’aliénation généralisée, comme envers rutilant d’un revers répressif à l’égard de toutes les formes de créativité subversives, car émancipatrices et donc inconvenantes, sanctionnées par les tribunaux bourgeois : « Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation (Guy Debord, La société du spectacle, chap. I. Voir aussi et surtout tout le chapitre VIII). Sur fond de privatisation de l’ancien Théâtre par la municipalité PS, extraits choisis de l’interview par la Nouvelle République de Fleur Pellerin, sinistre de la culture et de la communication (fonction dont l’énoncé même est significatif) en déplacement aujourd’hui à Poitiers pour signer un « Pacte culturel » avec « la ville », et faisant actuellement face à un rassemblement :

Fleur Pellerin : « La culture est essentielle »

« […] Car la culture est toujours, avant tout, un choix politique, un choix de société […] Avec les Pactes culturels, nous réaffirmons ensemble une vision commune de l’intérêt général et l’adhésion à un socle de valeurs indissociables du projet républicain. […] En à peine cinq mois, j’ai déjà pu constater que la démarche est concluante et particulièrement efficace. Mais les Pactes culturels sont aussi des dispositifs qui s’inscrivent dans le long terme […] La culture est ce qui nous permet de partager et affirmer nos valeurs communes […] Nous nous engageons pour répondre, par la culture, aux défis lancés aux valeurs républicaines, pour construire une société apaisée […] Nous nous engageons, par l’éducation artistique et culturelle, à faire en sorte que chaque enfant ait la chance de construire son regard sur le monde et trouver sa place dans la société […] La culture est essentielle, tout simplement, et l’oublier ne fait que renforcer les fractures de la société, contre lesquelles nous nous battons. […] L’idée d’installer une salle d’art visuel dans un ancien lieu emblématique de cinéma et de spectacle, et que cet équipement placé en cœur de ville cohabite avec des commerces, des logements et des bureaux, ne me choque pas […] Il ne faut pas opposer les fonctionnalités dans une ville, mais plutôt chercher à tisser les opportunités de rencontre et d’échange. Ce qui est important c’est que les artistes aient toute leur place dans ce nouvel équipement […] »

Extrait de l’interview de Fleur Pellerin réalisée par Philippe Bonnet, Nouvelle République, 13 avril 2015

[Taule de Poitiers-Vivonne] L’étau se resserre autour des prisonnier.e.s

Parloir « coquin » à Vivonne : la sanction maintenue

ape-mini-1Le juge des référés du tribunal administratif a rejeté la requête en suspension déposée par un détenu de la maison d’arrêt de Vivonne, sanctionné de dix jours cellule avec sursis [la NR veut certainement dire ici que le prisonnier a été condamné par le prétoire, le tribunal interne de la prison, à dix jours de cellule disciplinaire (mitard) avec sursis ; NdPN] et suppression de 60 jours de parloir avec son épouse pour atteinte à l’hygiène et obscénité.

L’administration accuse le couple d’avoir profité d’un parloir en tête à tête pour avoir une relation sexuelle, ce que les intéressés nient farouchement. L’accusation repose entièrement sur le rapport rédigé par un surveillant, faute d’autres témoignages. Les vidéos de surveillance qui auraient permis de recouper les faits ont été effacées.

Le juge a néanmoins refusé de suspendre la sanction, estimant que le rapport d’un surveillant en matière de discipline suffit à caractériser la réalité des faits reprochés.

Presse de la matonnerie, lanouvellerepublique.fr, 27 mars 2015

La fin des parloirs sauvages au palais de justice

Un petit bisou discret, une dernière étreinte avant le grand départ ou une cigarette glissée par un proche à un détenu de passage au palais de justice, c’est une tolérance établie. Tant que tout le monde joue le jeu gentiment, policiers et gendarmes laissent faire. Ça met de l’huile dans les rouages, ça apaise à peu de frais. Mais, depuis jeudi, c’en est fini de cette pratique considérée comme un parloir sauvage. Deux magistrats ont assisté, jeudi, à la faveur du passage d’un prévenu à l’audience correctionnelle à une scène de ce type. Une escorte de gendarmes avait notamment accepté qu’une cigarette soit transmise à un détenu. Ils risquent de se faire taper sur les doigts. De ce fait, désormais, la tolérance est abolie. Au grand dam, vendredi, de deux jeunes garçons jugés en comparution immédaite et que les gendarmes ont dû calmer en faisant appel à leurs avocats pour leur expliquer la situation.

Presse pénitentiaire, lanouvellerepublique.fr, 19 mars 2015

Poitiers-Limoges : huit recours contre la LGV

LGVHuit recours ont été déposés contre la déclaration d’utilité publique (DUP) de la future ligne à grande vitesse Poitiers-Limoges, a annoncé samedi Robert Rolland, porte-parole d’un collectif limousin d’opposition à la LGV, lors d’une conférence de presse. La date butoir pour déposer les recours était le 11 mars. Six recours ont été enregistrés devant le Conseil d’État, qui avait lui-même émis un avis négatif sur le projet en décembre dernier.

Selon le porte-parole du collectif « Non à la LGV et oui à Polt », ligne alternative Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, ces six recours demandent l’annulation de la DUP. Parallèlement, « deux recours gracieux ont été déposés directement auprès du Premier ministre et des ministres signataires, à savoir le secrétaire d’État aux Transports, et la ministre de l’Environnement. Ces deux recours demandent l’abrogation du décret », a-t-il précisé.

Ces différents recours sont portés par plus d’une centaine de structures, associations, communes et collectivités. Selon M. Rolland, si l’on tient compte de l’instruction du dossier et de l’examen des pièces, « le Conseil d’Etat ne sera vraisemblablement pas en mesure de statuer avant le second semestre 2016 ». Or « ces recours ne sont pas suspensifs de l’application de la DUP », a-t-il rappelé. Le conseil général de la Haute-Vienne, fervent défenseur de la ligne à grande vitesse, a d’ores et déjà « mis en place les commissions départementales qui devront statuer sur les procédures d’expropriation », a poursuivi M. Rolland.

Lors de la même conférence de presse, la section régionale de la CGT cheminot, représentée par Frédéric Tronche, a souligné que « les effets de la DUP sont déjà en train de se faire sentir », et « la désertification ferroviaire de tout l’est de la région, sera bientôt une réalité ». Pour Robert Rolland « avec la DUP, un certain nombre d’investissements vont être lancés, des choix seront faits, au détriment des usagers ».

Presse à Grande Vitesse, lanouvellerepublique.fr, 16 mars 2015