[Poitiers] Grève des salarié.e.s de la régie de bus Vitalis

 

NdPN : Bon timing pour cette grève, permettant de profiter de la venue de milliers de congressistes du PS, ce parti de droite actuellement au pouvoir, pour se faire (enfin ?) entendre. La direction de Vitalis refuse d’accéder aux demandes légitimes des salarié.e.s, qui restent déterminé.e.s. La jaunâtre CFDT joue quant à elle, une fois de plus, un rôle parfaitement honteux dans ce conflit social, en relayant sans vergogne le discours de la direction, avec l’argument du c’est pire ailleurs. Soutien total aux grévistes !

Piquet de grève au dépôt de bus Vitalis

Une quarantaine de salariés de la régie des transports en commun de Poitiers ont mis en place un piquet de grève ce vendredi à partir de 4 h 30 au dépôt de la rue de Northampton à Poitiers. Sans bloquer les sorties de bus.

Nouveau mouvement de colère à la régie des transports en commun Vitalis ce vendredi. Un appel à la grève « illimitté » est lancé par les syndicats UNSA, CGT et CFE-CGC. Seule la CFDT n’appelle pas au mouvement. Les revendications portent sur les salaires, les conditions de travail et sur le dialogue social interne à l’entreprise. A 6 h 30, une quarantaine de salariés étaient réunis pour faire le point et manifester leur mécontentement. Les bus, pour autant, ne sont pas bloqués. Trois sont sortis pour prendre leur service entre 6 h 30 et 6 h 45. « Nous ne sommes pas là pour empêcher les collègues de travailler », indiquent les responsables syndicaux.

Concernant les salaires, les syndicats qui appellent à la grève demandent une revalorisation de 0,2% au 1er septembre prochain lors de la mise en place du nouveau réseau. « On nous demande un effort, il doit être récompensé », dit un syndicaliste CGT. Les négociations annuelles (NAO) n’ont pas permis d’avancer sur ce point. Concernant les conditions de travail, la CFE-CGC plaide pour un équilibre des tâches entre tous les salariés :  » Ceux qui ne souhaitent pas travailler le dimanche doivent pouvoir prendre leur repos hebdomadaire à ce moment là et pas seulement les conducteurs de plus de 55 ans. » L’UNSA insiste sur le non remplacement des personnels. « Il y a eu deux départs à la retraite récemment, un départ a été remplacé, l’autre pas. Cela a des répercussions sur les conditions de travail. »

Mais par delà ces revendications communes aux trois syndicats, c’est surtout le dialogue social qui est pointé. « Les négociations annuelles obligatoires ont débuté en février, elles n’ont toujours pas abouti. Il y a un défaut de gouvernance. Nous avons obtenu une avancée: le recrutement de cinq personnes. Mais c’est insuffisant pour épurer tous les retards dans les congés. Les collègues sont appelés chez eux pendant leurs repos à prendre leur service parce qu’il manque quelqu’un sur une ligne. Cela existe depuis longtemps, mais cela s’est aggravé ces derniers mois. »

Difficile à 7 heures de dire quel pourcentage de personnels est en grève et combien de bus circulent ou non. En tout cas, à l’heure où s’ouvre le congrès national du parti socialiste, les salariés de Vitalis entendent s’exprimer. Ils sont à deux pas du parc des expositions.

Aucune négociation avec la direction n’est annoncée, même si le directeur a pu rencontrer tôt ce matin les salariés au piquet de grève.

Jean-Jacques Boissonneau, Nouvelle République, 5 juin 2015
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86 –  Vitalis à Poitiers: une heure de discussion pour rien

La réunion surprise qui s’est tenue ce vendredi matin sur le site de la régie des transports en commun de Poitiers entre le président, la vice-présidente et le directeur de Vitalis avec les organisations syndicales qui appellent à la grève (CGT, CFE-CGC, UNSA) n’a rien donné. « Nous avons discuté pendant près d’une heure pour aucune avancée », a indiqué un délégué CGT à la sortie, confirmant par ailleurs que 55% des conducteurs font grève ce matin.
Nouvelle République, 5 juin 2015
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86 –  Vitalis: pourquoi la CFDT n’appelle pas à la grève

« A un moment, il faut savoir être raisonnable. » C’est ce que dit Michel Vauthier, responsable du syndicat CFDT de Vitalis à Poitiers. Ce syndicat, à la différence de la CGT, de la CFE-CGC et de l’UNSA, n’appelle pas à la grève. Michel Vauthier: « Nous avons signé le protocole d’accord à l’issue des NAO, négociations annuelles obligatoires. Ce protocole prévoit une hausse de 0,8% des salaires à compter du 1er avril dernier, une majoration de 6 points de la prime de vacances, une augmentation de 2 € de la prime du dimanche qui passe à 60 €, une réévaluation de la prime de caisse et l’embauche de 5 conducteurs au 1er septembre, ce qui va améliorer nos conditions de travail. La dette de repos de l’entreprise à l’égard des salariés qui est de 13.000 heures, soit plus de 1.900 jours sera ainsi atténuée. » Pour Michel Vauthier, au final, « cette grève intervient uniquement parce que le PS tient son congrès national. Cela me fait mal quand je vois que Vitalis fait grève à un moment où les salariés d’Itron à Chasseneuil, eux, ont des raisons légitimes de manifester leur mécontement. »
Nouvelle République, 5 juin 2015

 

 

De la grève prendre le large

De la grève prendre le large

Toujours plus d’écrans, de marchandises chimiques et de rôles à la carte, que nous produisons nous-mêmes dans des ateliers infernaux. Mais aux tréfonds de la schizophrénie instituée nos regards veillent, lucides et menaçants, comme ceux de bêtes tapies ; même réduits à la vermine sidérée et inquiète, nous remuons encore pour, à tâtons, trouver prises sur nous-mêmes et nos mondes. D’où le fait que les trônes tressautent et tressaillent, comme des sièges périlleux, inéluctablement éjectables. Se laisser dériver à la grève, c’est permettre à l’air frais de la liberté de s’engouffrer dans l’atmosphère viciée de nos cellules carcérales.

mouette rieuse

Les gestionnaires de nos terriers demandent, revendiquent, exigent, font les gros yeux des masques d’une comédie antique, tapent du poing en rythme sur la table des négociations pour jouer leur partition dans l’orchestre des partenaires sociaux ; ils collent des rustines sur le mythe écorné de leur légitimité à nous « représenter », et par là même celle des saigneurs à tolérer nos vies, comme des dieux de pacotille dispensent leurs grâces. Ces hérauts du renoncement, successeurs des salopards qui ont assassiné nos rêves lors des grandes insurrections du passé, nous présentent la grève comme un nécessaire sacrifice, perte d’une ou plusieurs journées de salaire pour obtenir ou plutôt ne pas perdre davantage. Ils nous disent et redisent qu’il faut savoir finir une grève, qu’elle n’était qu’une « étape », patience camarade, ça va péter, convaincre les masses d’abord, stratégie… Mais gros tas de fiente, ça fait des lustres que ça pète, que ça craque, que ça disjoncte, au point que rien ne nous soit plus commun que cette rage rentrée et aveugle. Nous n’en voulons plus, de vos solutions médicamenteuses : cette rage doit sortir au grand air, prendre le large !

Nous la voyons nous, la grève, comme révolte joyeuse et bordélique, comme sabotage de l’ingénierie sociale et technique qui nous étouffe et nous avilit, comme retrouvailles libidineuses avec les autres dont nous-mêmes, comme vacance assumée, comme glandouille éhontée, comme geste destructeur de toutes les valeurs et créateur de partages. Nous nous prenons à rêver de repousser la fin de la grève, cette décision à rebours de nos désirs, cet arrêt présenté comme nécessaire par la cour, cette trêve sempiternellement promulguée d’en haut pour mieux nous faire la guerre au quotidien, rendue par les mêmes spadassins de l’hygiène antibiotique, maniant la masse et les nombres. Nous voyons bien leurs manoeuvres éventées. Leur agitation risible ne les sauvera pas, ils sont déjà morts à eux-mêmes.

Nous nous surprenons à sourire, à chaque aube de la grève, en commençant par envoyer chier le réveil-matin. Nous nous disons que cette fois nous ne céderons pas, nous dissiperons l’enfumage et les arguties, nous serons fidèles aux horizons qui s’ouvriront à nouveau. Et nous avons raison. Parce qu’il ne s’agit pas de croire, laissons la foi aux religieux, mais de vivre. La grève recèle bien plus que la grève. Sinon, elle ne réunirait pas encore tant des nôtres, en dépit de décennies stériles de journées sans lendemain. Sinon, nous ne nous joindrions pas à ces parcours pédestres balisés par les flics, les chasubles jaunes et les discours soporifiques.

Nous y allons, dans la grève, nous y sautons même les pieds joints comme les mômes que nous sommes, parce que la grève est plus qu’un moyen. Elle est une brèche dans l’espace et le temps, opportunité de subvertir la souveraineté, la mesquinerie, l’ennui, le néant et les rôles qui habillent notre misère, ne serait-ce qu’un éternel instant. Les codes vacillent, les possibles se dévoilent, dans un présent enfin palpable, lourd d’orages, de printemps et d’amour. Nous voulons rendre cette parenthèse irrémédiable.

Grève générale, grève définitive !

 

[Poitiers] Les ex-SFR ne se sont pas l’SFR

SFR condamnée à verser 1.292.650 € à ses ex-salariés

Chasseneuil-du-Poitou. Ils étaient 251 du centre d’appel à réclamer justice aux prud’hommes pour un licenciement qu’ils estimaient illicite. Depuis huit ans.

La société française de radiotéléphonie (SFR) a été condamnée, hier matin, par le conseil des prud’hommes de Poitiers, à verser 5.000 € de dommages et intérêts à chacun des 251 ex-salariés du centre d’appel SFR-Aquitel de Chasseneuil-du-Poitou. L’entreprise devra également rembourser 150 € de frais de procédures à chaque salarié. Cette condamnation, d’un total de 1.292.650 € pour l’opérateur téléphonique français, achève provisoirement huit ans de lutte pour les ex-oreilles poitevines.

«  Le seul but était la recherche d’économies  »

La direction de SFR n’a pas souhaité commenter cette décision. « Nous en prenons acte », a-t-on simplement signalé au bout du combiné. A l’heure où nous écrivions ces lignes, l’état-major n’avait pas décidé s’il faisait appel de cette décision.
Pour les 251 plaignants, en revanche, c’est une belle victoire. « Une grande satisfaction, confirme Franck Berne, ancien représentant CFDT du centre d’appel à Chasseneuil. SFR a déjà été condamnée dans ce cadre à Toulouse jusqu’en cassation. Avec près de 1.900 salariés concernés, il s’agit du plus gros dossier de fraude à l’emploi de ces dernières années. Cette décision prouve qu’une direction qui n’a pas respecté un accord signé avec des partenaires sociaux est condamnée. C’est aussi simple que ça. »
Malgré le paravent de sous-traitance (lire repères), les juges prud’homaux ont levé le voile. Ils ont relaxé Aquitel mais condamné la holding : « Le contrat de sous-traitance a mis Aquitel dans un état de subordination économique à l’égard de SFR envers laquelle elle avait une obligation de résultat et le seul but avoué de l’opération était la recherche d’économies par SFR », ont écrit les juges qui n’ont pas répondu favorablement à la demande des salariés pour le préjudice subi du fait de la perte d’avantages collectifs. Mais ils ont abondé pour les dommages et intérêts individuels : « Les agissements de SFR ont constitué pour le salarié une perte de chance d’être maintenu dans son emploi ou un autre emploi. » Tarif de cette condamnation : 5.000 € pour chaque ex-SFR Aquitel.
« Même avec un euro symbolique, nous aurions été satisfaits, a expliqué Franck Berne. Ces 251 plaignants ne constituent qu’une première vague. A Chasseneuil, nous étions 590 salariés. L’objectif de notre action était de fédérer le plus de monde possible. Mais nous avons commencé avec trois personnes et les réseaux sociaux ont fait le reste ! Nous n’arriverons pas à réparer les dommages de 100 % des salariés. Nous n’avons pas retrouvé tout le monde. Et certains, dont je faisais partie, ne voulaient plus entendre parler de SFR tant nous étions dégoûtés. »

Xavier Benoit, Nouvelle République, 11 mars 2015

[Châtellerault – 86] Travailler plus et gagner moins

NdPN : L’actualité n’est décidément jamais en reste pour rabattre leur caquet à tous les tenants de la fin de la lutte des classes. Ici, une entreprise où les salarié.e.s engraissent leur patron, bénéficiaire. Ce n’est manifestement pas assez, et la direction impose un « plan de compétitivité », signé par la jaune CFDT. Bilan : bosser plus et gagner moins !

Magneti-Marelli : les salariés vont gagner moins

Châtellerault. Un plan de compétitivité va être mis en œuvre chez Magneti- Marelli. Il se traduira par une baisse du taux de rémunération des salariés.

Les salariés de Magneti-Marelli ont débrayé jeudi et vendredi. Mais rien n’y a fait… A partir du 1er janvier 2016, leur taux de rémunération va diminuer.

Le plan de compétitivité proposé par la direction (voir notre édition du 4 décembre) a été signé jeudi par la CFDT, syndicat majoritaire de l’entreprise châtelleraudaise, et la CFE-CGC. Seule la CGT a refusé de le faire.

«  Magneti-Marelli ne s’engage pas sur la pérennité du site au-delà de 2018  »

En quoi consiste-t-il ? « Il y aura une augmentation de travail pour l’équipe de nuit sans augmentation de salaire. Ils travailleront quarante minutes de plus par nuit. C’est le temps de leur pause. Le personnel de semaine, qui ne travaille pas le vendredi après-midi, viendra aussi travailler jusqu’à 17 h 30 ce jour-là », explique David Talbart, délégué CGT. Selon lui, les « équipes de week-end », même si elles feront « moins d’heures », auront aussi « perte de salaire ». Et les ouvriers ne seront pas les seuls à devoir faire des efforts… « Les techniciens, les cadres et même le directeur viendront travailler en production gratuitement deux jours par an. »
Autant de mesures que déplore la CGT. « La direction d’établissement voulait qu’on baisse le coût horaire du travail pour nous donner d’autres produits à faire. L’entreprise est bénéficiaire cette année et la direction nous annonce une année similaire en 2015. On ne comprend pas qu’on doive baisser les coûts horaire du travail alors que l’entreprise est bénéficiaire. De plus, Magneti-Marelli ne s’engage pas sur la pérennité du site au-delà de 2018 et ne cache pas qu’un nouveau plan de compétitivité pourrait être mis en œuvre d’ici 2018. »
Jointe par téléphone, la direction pas souhaité faire de commentaires.

Alain Grimperelle, Nouvelle République, 31 janvier 2015