[Châtellerault] Tentative de suicide d’une salariée de l’agglo après un refus de promotion

Émoi à l’agglo de Châtellerault après une tentative de suicide

Il y a dix jours, un agent de l’agglo de Châtellerault a tenté de se jeter par la fenêtre du bureau du directeur général. Une enquête interne a été diligentée.

Dans un premier temps, l’histoire était restée assez confidentielle. Elle a été mise sur la place publique par deux syndicats de la collectivité châtelleraudaise, la CGT et Sud.

Les faits ? Mercredi 3 juin, en début d’après-midi, un agent du service financier de la communauté d’agglomération du Pays châtelleraudais est reçu en mairie dans le bureau du directeur général des services, Olivier Roussarie.
Ce dernier lui explique les raisons pour lesquelles la collectivité ne l’a pas promue au grade supérieur, comme il l’attendait. A la fin de l’entretien, sans explication, l’agent s’approche de la fenêtre. Pour prendre l’air, imaginent les témoins. À tort. L’agent enjambe la fenêtre dans l’idée de se jeter dans le vide. Il est maîtrisé in extremis par la direction. Pompiers et police sont appelés sur place. L’employée est conduite au centre hospitalier. Depuis, elle est en arrêt maladie.

La CGT et Sud accusent et appellent à la grève

Le lendemain, devant la gravité de l’événement, la collectivité remplit une déclaration d’accident de travail et convoque un Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) extraordinaire pour le mercredi 10 juin.
A l’issue de cette réunion, le CHSCT, une commission d’enquête interne de huit membres (1) est constituée. Sa mission : définir les causes de l’accident.
Dans la foulée, les syndicats CGT et Sud territoriaux rédigent un tract, qu’ils distribuent dans les services. Ils y portent une accusation lourde contre les méthodes « oppressantes » de la direction, et établissent un lien direct entre la tentative de suicide et les conditions de travail « déplorables » au sein de la collectivité. « On craint que cet événement ne soit pas le dernier », déclarent Pascal Saint-Martin (CGT) et Brahim Henni (Sud).
Dans leur tract, les deux syndicats appellent les agents à une grève illimitée à compter de lundi, et organisent un rassemblement devant la mairie mardi à 11 h.
Une charge inacceptable dans un tel contexte, considère la direction. Aussi, jeudi après-midi, le maire et président de l’agglomération de Châtellerault Jean-Pierre Abelin, adresse un courriel aux 1.200 agents, dans lequel il revient sur cet « événement grave du 3 juin » et sur les accusations des syndicats CGT et Sud. « Nous ne devons pas préjuger des causes, forcément complexes, qui poussent une personne à un tel geste désespéré », écrit-il, réclamant le retour à « un climat apaisé ».
La commission d’enquête du CHSCT doit rendre ses conclusions « assez rapidement ».

(1) Quatre représentants des personnels, deux représentants de la collectivité, la psychologue du travail et le conseiller en prévention.

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La CFDT et FO prennent leurs distances

Contactés l’un après l’autre, la CFDT et Force ouvrière territoriaux de Châtellerault admettent des conditions de travail difficiles au sein de la collectivité. Pour autant, les deux syndicats prennent clairement leurs distances avec la position de la CGT et Sud. « Une commission d’enquête a été lancée par le CHSCT. On verra en fonction des résultats. En attendant, nous n’avons pas à interférer. C’est trop sérieux pour chercher à en tirer profit et émettre des conclusions hâtives », clame la CFDT, syndicat majoritaire à Châtellerault. « Il ne faut pas tout confondre. Après un fait aussi grave, il est bon de mesurer ses paroles », renchérit FO.

Anthony Floc’h, Nouvelle République, 13 juin 2015

 

[Ingrandes] Encore une victime du travail

Happé par un robot un ouvrier grièvement blessé

Ingrandes. Un électricien des Fonderies a été happé par un robot qui l’a plaqué contre une autre machine et gravement blessé. Son pronostic vital est engagé.

L’accident grave du travail s’est déroulé mercredi peu après 16 h 30 dans l’usine de Saint-Jean-Industries (ex-Fonderie du Poitou alu) à Ingrandes.

D’après les pompiers et deux sources syndicales de l’entreprise, un électricien, qui effectuait une opération de maintenance dans les ateliers, s’est retrouvé accidentellement coincé entre deux robots après avoir été happé par l’un d’eux.

«  Il a hurlé et perdu connaissance  »

« Il intervenait sur le robot d’une machine à mouler qui, pour une raison inconnue, s’est relancée alors qu’elle était en sécurité, rapporte un délégué syndical. Il a été pris par surprise et dans le dos par le robot qui l’a happé et l’a plaqué contre le préhenseur, une machine équipée de pinces. Il a hurlé puis a perdu connaissance. Un autre électricien a manœuvré le robot pour le dégager. Ce genre de machine exerce une pression jusqu’à 240 kg avec des poinçons sur les pinces. »
Polytraumatisée, la victime, qui a été « écrasée au niveau du haut du thorax et de la tête », souffre de multiples fractures. Elle a été transportée, inconsciente, par l’hélicoptère du Smur à l’hôpital de Poitiers et placée dans un coma artificiel. Selon la gendarmerie, son pronostic vital est engagé.
Cet accident a provoqué « un choc parmi les camarades ». Une cellule psychologique a été mise en place pour le personnel. « Il a une trentaine d’années de métier et c’est arrivé le jour de son anniversaire, de ses 54 ans. »
Hier matin, la gendarmerie et l’inspection du travail se sont rendues sur place. Les machines ont été condamnées pour les besoins de l’enquête qui devra établir les circonstances de cet accident du travail : « Y a-t-il eu dysfonctionnement de la sécurité ou une sécurité dysfonctionnée par quelqu’un ou absence de mise en œuvre de la sécurité ? »
Le CE (comité d’entreprise) qui était programmé hier a été annulé et reporté. A la place, un CHSCT extraordinaire (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) a été convoqué.

réaction

 » Il fallait s’y attendre, malheureusement « 

Pour le personnel, cet accident n’est malheureusement pas une surprise, déplore Patrice Villeret, de la CGT Saint-Jean-Industries. « C’est un fait rare mais combien de fois on a frôlé ce genre d’accidents. Ce n’est pas étonnant. C’est un miracle qu’il n’y en ait pas eu avant. Jusqu’à présent, on avait eu des accidents mais moins graves. »
Pour lui, ce drame est à mettre en relation avec les conditions de travail. « Cela fait longtemps qu’il y a des problèmes électriques sur ces cellules et on s’interroge sur la fiabilité de ces installations. Les électriciens dans la boîte sont sans cesse interpellés à droite et à gauche. Il y a un problème de gestion et de conditions de travail. On ne peut pas tout le temps supprimer des postes sans que cela ait des conséquences. La preuve ! »

Denys Frétier, Nouvelle République, 17 avril 2015