[Poitiers] Jean-François Chazerans placé en garde-à-vue

Jean-François Chazerans, le prof de philo du lycée Victor-Hugo suspendu à titre conservatoire quatre mois par le rectorat, était convoqué ce matin au commissariat de Poitiers pour être entendu dans le cadre de l’information judiciaire pour « apologie d’actes de terrorisme » ouverte par le parquet. Arrivé à 9h30 pour cette audition libre, il a été placé en garde-à-vue à 9h40. Il est interrogé par la police judiciaire chargée de l’enquête et assisté de son avocat Maitre Amaury Auzou.

Presse du terrorisme républicain, lanouvellerepublique.fr, 26 février 2015

[Poitiers] Soutien à Jean-François et au DAL 86

Venez tous au concert de soutien du DAL86 mardi 3 mars 20h30 Plan B
Apportez votre soutien au DAL86 et à Jean-François Chazerans :
-En venant au concert de soutien au Plan B mardi 3 mars à partir de 20h30
-En venant massivement au procès en appel jeudi 5 mars à 16h30 au Tribunal de Grande Instance, Palais de Justice place Lepetit
-En apportant un soutien financier Chèques à l’ordre du DAL86 à envoyer à DAL86, Maison de la Solidarité, 22 rue du Pigeon Blanc, 86000 Poitiers.

Vu sur le site du DAL 86, 21 février 2015

 

[Poitiers] Affaire Chazerans :  » Il n’y a rien dans le dossier  »

NdPN : voir aussi ici, et

Affaire Chazerans :  » Il n’y a rien dans le dossier « 

Jean-François Chazerans, professeur de philosophie à Poitiers, a consulté son dossier au rectorat, en vue de la commission de discipline fixée au 13 mars.

Jacques Moret, recteur d’Académie, a invité, hier après-midi, Jean-François Chazerans, professeur de philosophie au lycée Victor-Hugo à Poitiers, à consulter son dossier dans le cadre de la commission de discipline prévue le 13 mars prochain. Une procédure normale.
Que reproche-t-on à cet enseignant suspendu à titre conservatoire depuis le 21 janvier dernier ? « D’avoir tenu des propos inadéquats le jeudi 8 janvier 2015 (NDLR : le lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo à Paris) lors d’un débat en classe », rappelle son avocat, Maître Amaury Auzou.

Jean-François Chazerans, accompagné de deux syndicalistes et de son avocat, a découvert un document d’une page et demie, – le rapport réalisé par deux enquêteurs –, et une lettre d’un parent d’élève rendue anonyme par le rectorat.

«  Attendre l’orientation du procureur  »

Surprise totale après lecture des trois feuilles, format A4. Maître Auzou assure qu’il n’y a « rien dans le dossier ». « Je m’attendais à des choses plus consistantes, confie-t-il, au vu de la suspension de 4 mois qui, certes, est une mesure conservatoire mais colore le dossier à charge. » Ajoutant : « J’ai appris par la presse que le parquet a été saisi par Monsieur le recteur. » « Il me semblerait logique d’attendre l’orientation du procureur de la République avant de statuer sur le plan disciplinaire, comme cela fait habituellement. »
L’intéressé dit être tranquille dans cette affaire : « Après avoir consulté mon dossier, je suis toujours aussi serein quant à mon examen devant la commission disciplinaire. »
Son avocat condamne le traitement excessif de l’affaire : « Il faut descendre d’un étage ». « C’est une enquête bâclée. Rien n’est justifié. On a un simple rapport de deux enquêteurs, aucun détail des élèves qui ont été auditionnés. Dès lors, comment peut-on estimer un simple rapport d’enquête qui constitue un élément à charge corroboré par rien ? », s’interroge Amaury Auzou. Réponse le 13 mars.

Didier Monteil, Nouvelle République, 14 février 2015

Un nouveau DDSP dans le 86

NdPN : L’histoire récente de l’administration policière se place sous le signe de la fusion de services, aux fonctions pourtant bien distinctes. Il s’agit de conglomérer les questions de « sécurité » (dans un sens très large) et les renseignements (comprenant notamment la surveillance des militants politiques). Ainsi, DST et RG fusionnent en 2007, sous l’impulsion de Sarkozy, dans une nouvelle DCRI, qui s’illustrera bientôt dans « l’affaire Tarnac ». Parallèlement, est inauguré un nouveau fichier policier classé secret-défense, hors contrôle de la CNIL, « Cristina ». Entre autres objets de surveillance policière, l’accent est mis sur les militants politiques, leur entourage et leurs communications. Nombre de commentateurs dénoncent une « dérive » vers une « police politique »… Néanmoins, les questions de « sécurité publique » relèvent d’un service encore bien distinct, la DCSP (à laquelle se rattachent les DDSP et les commissariats), pas en contact direct avec les renseignements.

Mais en 2014, sous l’impulsion de Valls, la DCRI devient la DGSI, placée directement sous le contrôle du ministère de l’Intérieur. La DGSI dispose de plus d’autonomie encore, son organisation et ses activités sont gardées secrètes. L’Etat affiche ainsi, clairement, que la « sécurité publique » ne se distingue plus du renseignement, y compris politique. La nomination du nouveau DDSP de la Vienne s’inscrit parfaitement dans cette optique politique de concentration des services de police.

On se souvient que les derniers propos de l’ancien DDSP du 86 Jean-François Papineau, dans un journal public (7 à Poitiers), traduisaient son obstination, pour ne pas dire une certaine obsession, à cibler davantage les « anarchistes ». En 2009-2010, à l’époque où la police et la justice s’acharnaient lourdement contre les anti-autoritaires de la Vienne, Jean Prost était responsable des services de renseignement de la Vienne… avant d’être nommé DDSP en Corrèze – un département chouchouté par le pouvoir central. Jean Prost vient d’être nommé nouveau DDSP du 86. Il prendra ses fonctions en mars.

NB : Le DDSP par intérim, Laurent Siam, part quant à lui pour l’Hérault… à la Police de l’Air et des Frontières.

Un nouveau patron pour les policiers

Le commissaire divisionnaire Jean Prost fait son retour à Poitiers en coiffant la casquette de directeur départemental de la sécurité publique, un poste vacant depuis le départ en novembre dernier de Jean-François Papineau, nommé à Caen.

Jean Prost, avait dirigé jusqu’en octobre 2010 le service départemental d’information générale (SDIG, ex-RG) à Poitiers avant d’être nommé DDSP de la Corrèze. L’intérim à la DDSP 86 était assuré par le commissaire divisionnaire Laurent Siam qui part pour l’Hérault. Il est nommé directeur de la police aux frontières. Un poste qu’il avait déjà occupé à La Réunion, avant de diriger le commissariat de Saintes puis de rallier Poitiers comme n° 2 en charge des policiers en tenue, le service de sécurité et de proximité. Dans l’Hérault, il va notamment découvrir la création d’une brigade des chemins de fer au sein de la police aux frontières 34, avec des fonctionnaires qui assureront des missions de police dans les trains, indiquent nos confrères locaux.

Nouvelle République, 13 février 2015