Un nouveau DDSP dans le 86

NdPN : L’histoire récente de l’administration policière se place sous le signe de la fusion de services, aux fonctions pourtant bien distinctes. Il s’agit de conglomérer les questions de « sécurité » (dans un sens très large) et les renseignements (comprenant notamment la surveillance des militants politiques). Ainsi, DST et RG fusionnent en 2007, sous l’impulsion de Sarkozy, dans une nouvelle DCRI, qui s’illustrera bientôt dans « l’affaire Tarnac ». Parallèlement, est inauguré un nouveau fichier policier classé secret-défense, hors contrôle de la CNIL, « Cristina ». Entre autres objets de surveillance policière, l’accent est mis sur les militants politiques, leur entourage et leurs communications. Nombre de commentateurs dénoncent une « dérive » vers une « police politique »… Néanmoins, les questions de « sécurité publique » relèvent d’un service encore bien distinct, la DCSP (à laquelle se rattachent les DDSP et les commissariats), pas en contact direct avec les renseignements.

Mais en 2014, sous l’impulsion de Valls, la DCRI devient la DGSI, placée directement sous le contrôle du ministère de l’Intérieur. La DGSI dispose de plus d’autonomie encore, son organisation et ses activités sont gardées secrètes. L’Etat affiche ainsi, clairement, que la « sécurité publique » ne se distingue plus du renseignement, y compris politique. La nomination du nouveau DDSP de la Vienne s’inscrit parfaitement dans cette optique politique de concentration des services de police.

On se souvient que les derniers propos de l’ancien DDSP du 86 Jean-François Papineau, dans un journal public (7 à Poitiers), traduisaient son obstination, pour ne pas dire une certaine obsession, à cibler davantage les « anarchistes ». En 2009-2010, à l’époque où la police et la justice s’acharnaient lourdement contre les anti-autoritaires de la Vienne, Jean Prost était responsable des services de renseignement de la Vienne… avant d’être nommé DDSP en Corrèze – un département chouchouté par le pouvoir central. Jean Prost vient d’être nommé nouveau DDSP du 86. Il prendra ses fonctions en mars.

NB : Le DDSP par intérim, Laurent Siam, part quant à lui pour l’Hérault… à la Police de l’Air et des Frontières.

Un nouveau patron pour les policiers

Le commissaire divisionnaire Jean Prost fait son retour à Poitiers en coiffant la casquette de directeur départemental de la sécurité publique, un poste vacant depuis le départ en novembre dernier de Jean-François Papineau, nommé à Caen.

Jean Prost, avait dirigé jusqu’en octobre 2010 le service départemental d’information générale (SDIG, ex-RG) à Poitiers avant d’être nommé DDSP de la Corrèze. L’intérim à la DDSP 86 était assuré par le commissaire divisionnaire Laurent Siam qui part pour l’Hérault. Il est nommé directeur de la police aux frontières. Un poste qu’il avait déjà occupé à La Réunion, avant de diriger le commissariat de Saintes puis de rallier Poitiers comme n° 2 en charge des policiers en tenue, le service de sécurité et de proximité. Dans l’Hérault, il va notamment découvrir la création d’une brigade des chemins de fer au sein de la police aux frontières 34, avec des fonctionnaires qui assureront des missions de police dans les trains, indiquent nos confrères locaux.

Nouvelle République, 13 février 2015