Un nouveau DDSP dans le 86

NdPN : L’histoire récente de l’administration policière se place sous le signe de la fusion de services, aux fonctions pourtant bien distinctes. Il s’agit de conglomérer les questions de « sécurité » (dans un sens très large) et les renseignements (comprenant notamment la surveillance des militants politiques). Ainsi, DST et RG fusionnent en 2007, sous l’impulsion de Sarkozy, dans une nouvelle DCRI, qui s’illustrera bientôt dans « l’affaire Tarnac ». Parallèlement, est inauguré un nouveau fichier policier classé secret-défense, hors contrôle de la CNIL, « Cristina ». Entre autres objets de surveillance policière, l’accent est mis sur les militants politiques, leur entourage et leurs communications. Nombre de commentateurs dénoncent une « dérive » vers une « police politique »… Néanmoins, les questions de « sécurité publique » relèvent d’un service encore bien distinct, la DCSP (à laquelle se rattachent les DDSP et les commissariats), pas en contact direct avec les renseignements.

Mais en 2014, sous l’impulsion de Valls, la DCRI devient la DGSI, placée directement sous le contrôle du ministère de l’Intérieur. La DGSI dispose de plus d’autonomie encore, son organisation et ses activités sont gardées secrètes. L’Etat affiche ainsi, clairement, que la « sécurité publique » ne se distingue plus du renseignement, y compris politique. La nomination du nouveau DDSP de la Vienne s’inscrit parfaitement dans cette optique politique de concentration des services de police.

On se souvient que les derniers propos de l’ancien DDSP du 86 Jean-François Papineau, dans un journal public (7 à Poitiers), traduisaient son obstination, pour ne pas dire une certaine obsession, à cibler davantage les « anarchistes ». En 2009-2010, à l’époque où la police et la justice s’acharnaient lourdement contre les anti-autoritaires de la Vienne, Jean Prost était responsable des services de renseignement de la Vienne… avant d’être nommé DDSP en Corrèze – un département chouchouté par le pouvoir central. Jean Prost vient d’être nommé nouveau DDSP du 86. Il prendra ses fonctions en mars.

NB : Le DDSP par intérim, Laurent Siam, part quant à lui pour l’Hérault… à la Police de l’Air et des Frontières.

Un nouveau patron pour les policiers

Le commissaire divisionnaire Jean Prost fait son retour à Poitiers en coiffant la casquette de directeur départemental de la sécurité publique, un poste vacant depuis le départ en novembre dernier de Jean-François Papineau, nommé à Caen.

Jean Prost, avait dirigé jusqu’en octobre 2010 le service départemental d’information générale (SDIG, ex-RG) à Poitiers avant d’être nommé DDSP de la Corrèze. L’intérim à la DDSP 86 était assuré par le commissaire divisionnaire Laurent Siam qui part pour l’Hérault. Il est nommé directeur de la police aux frontières. Un poste qu’il avait déjà occupé à La Réunion, avant de diriger le commissariat de Saintes puis de rallier Poitiers comme n° 2 en charge des policiers en tenue, le service de sécurité et de proximité. Dans l’Hérault, il va notamment découvrir la création d’une brigade des chemins de fer au sein de la police aux frontières 34, avec des fonctionnaires qui assureront des missions de police dans les trains, indiquent nos confrères locaux.

Nouvelle République, 13 février 2015

[86] Sur l’augmentation régulière du chômage

NdPN : face à la baisse tendancielle du taux de profit suscité par la concentration des capitaux, et aux licenciements qui vont avec pour préserver les marges de profit qui s’atténuent, la solution consiste, pour l’Etat auxiliaire du Capital, à promouvoir toujours plus de grands chantiers coûteux, inutiles et nuisibles, mobilisant et centralisant toujours plus le capital… et qui une fois accomplis engendreront encore plus de chômage. Pour rappel, un emploi créé dans une grande surface ce sont cinq emplois détruits. La « solution » palliative à cette fuite en avant dans la destruction sociale consiste, pour l’Etat-larbin, à faire porter le chapeau aux populations par l’endettement généralisé et la dégradation des conditions de vie… seul moyen de soutenir la confiance des marchés en la croissance de leurs capitaux, c’est-à-dire de leur butin de guerre. Jusqu’à quand nous laisserons-nous démolir par le cynisme des gouvernants ?  Jusqu’à ce que le monde entier soit devenu un réseau de métropoles-supermarchés reliées par des tunnels traversant des déserts lunaires ? L’inanité de leur politique transparaît clairement dans les propos rapportés dans cet article de la NR. Face à cette logique hégémonique mortifère du capitalisme : révolte, autonomie, tous zadistes !

Pas d’embellie sur le front du chômage en 2014

L’inflexion de la courbe attendue l’an dernier ne s’est pas confirmée. Pour 2015, le directeur régional du Travail juge néanmoins la conjoncture favorable.

Il y a un an, le directeur régional du Travail et de l’emploi, Jean-François Robinet, croyait voir le bout du tunnel sur le front du chômage dans la Vienne et en Poitou-Charentes. À l’époque, les statistiques laissaient entrevoir une sortie de crise avec une « inflexion de la courbe » du nombre de demandeurs d’emploi qui devait précéder l’inversion.

L’avenir ne lui a pas donné raison. Au 31 décembre 2014, on comptait 2.480 demandeurs d’emplois (1) de plus qu’au 1er janvier dans la Vienne (31.606, soit une hausse annuelle de 8,5 %) et 9.890 de plus en Poitou-Charentes (141.301, soit une hausse annuelle de 7,5 %).
« Le bilan est morose », reconnaît Jean-François Robinet. Et la tendance concerne tout le monde : les jeunes, les seniors, les hommes, les femmes et les demandeurs inscrits depuis plus d’un an dont le nombre n’a cessé de croître depuis 2010, passant de moins de 45.000 à plus de 60.000 dans la région.

«  De nombreux départs à la retraite attendus  »

Les emplois aidés ont pourtant permis de limiter la hausse, en particulier auprès des moins de 25 ans qui ont bénéficié des 2.300 emplois d’avenir mais aussi des 1.481 contrats de génération contractés en Poitou-Charentes en 2014. « Compte tenu des nombreux départs à la retraite attendus en 2016 dans les collectivités et dans la fonction publique d’État, il semble raisonnable de penser que les emplois d’avenir de service vont se transformer en CDI », ajoute le directeur du travail.
Pour ne rien arranger, le chantier de la LGV qui a fait travailler 2.000 habitants de la région depuis trois ans commence à débaucher : « On s’attendait à une forte augmentation du nombre de demandeurs d’emplois au sein de la plateforme de mutation économique mais la part des auto-reclassements est significative. Seuls 600 anciens salariés sur les 2.000 sont en recherche d’emplois. »
Reste que la tendance globale n’est pas bonne pour 2015. « Objectivement, il y avait l’an dernier des éléments d’amélioration que je ne retrouve pas cette année », avoue Jean-François Robinet qui voit tout de même des raisons d’espérer. D’abord grâce à une conjoncture favorable : un prix du pétrole durablement bas qui favorise l’activité et un euro faible qui devrait « booster » les exportations.

L’effet d’aubaine de Center Parcs

Mais aussi en raison des effets attendus du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) : « 100 millions d’euros de ristourne en 2014 pour les entreprises de la région et un montant encore plus élevé en 2015 », précise le patron de la Direccte (2). « Ça va avoir un impact extraordinaire sur l’emploi. »
L’administration a par ailleurs recensé une vingtaine de grands chantiers générateurs d’emplois dans le BTP au cours des prochaines années – même si les projets routiers sont retardés en raison du report de l’écotaxe – et compte beaucoup sur les six cents recrutements en cours pour le Center Parcs qui ouvrira en juin prochain dans le Loudunais. « Ce n’est pas marginal à l’échelle de la région et cela va avoir un effet d’aubaine extraordinaire dans le Nord Vienne et le Nord Deux-Sèvres », estime Jean-François Robinet. Le tourisme qui génère jusqu’à 36.000 emplois au plus fort de la saison reste une valeur sûre du marché du travail dans la région.

(1) Catégories A, B et C (2) Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi

Baptiste Bize, Nouvelle République, 10 février 2015

 

Sur la victoire de Syriza en Grèce

Sur la victoire de Syriza en Grèce

Syriza a recueilli, ce dimanche 25 janvier 2015, 36% des voix (exprimées) en Grèce. Les médias de la gauche institutionnelle se gargarisent de ce « grand espoir »… de même que les médias bourgeois, ce qui paraît tout de même louche ! De l’extrême-gauche à l’extrême-droite du spectacle politicien hexagonal, les politicard.e.s professionnel.le.s de la lutte des places tirent parti de l’événement pour se faire inviter sur les plateaux télé, et nous asséner leur vieille théorie éculée de la « révolution citoyenne » « par les urnes ».

Faut-il se réjouir ?

Libertaires, n’ayant aucune illusion sur le vote représentatif, nous ne sommes pas sectaires pour autant : si ces résultats conduisaient à redonner de l’espoir et de la dignité à celles et ceux parmi les prolétaires qui croient encore au vote (il y en a manifestement pas mal encore), et les incitait surtout à investir les luttes sociales en cours, nous ne bouderions pas notre joie. Tant mieux si Syriza parvenait à faire souffler un peu les millions de Grec.que.s en galère, plongée.e.s dans la misère que leur imposent cyniquement les capitalistes et les dirigeants politiques de Grèce et d’Europe.

Or hélas, nous doutons que cet événement donne un meilleur environnement aux luttes sociales et aux conditions de vie sinistrées des prolétaires de Grèce et d’ailleurs. L’arrivée au pouvoir de Syriza risque d’entraîner des illusions mortelles pour une bonne partie du prolétariat, en le détournant des luttes. De fait, les virages du pouvoir à gauche dans l’histoire française n’ont guère amélioré la combativité sociale à terme. Bien au contraire, les luttes ont généralement été mises sous l’éteignoir par les directions syndicales complices de la bureaucratie partidaire. Les fronts électoralistes meurent dans les urnes, sous l’échec du réformisme de gauche et la reprise en main économiciste de nos affaires. Or en Grèce, nombre de leaders syndicaux sont proches de Syriza.

Le seul fait que les éditorialistes de magazines libéraux, droitier et financiers eux-mêmes se satisfassent autant de la victoire de Syriza devrait nous suffire pour émettre une (grosse) réserve. Penchons-nous donc un peu sur Syriza…

Une manoeuvre réussie de la classe dominante

Le fait est qu’en Grèce, le discrédit est total sur la classe politique, quasi-unanimement rejetée. La gauche institutionnelle délabrée du Pasok, qui gouvernait jusque là, obtient moins de 5% des suffrages exprimés, une claque sans précédent. Les classes dominantes ne sont pas parvenues à juguler la colère populaire, les grèves se généralisent, des pans entiers de la société pratiquent l’autogestion, s’organisent contre les flics, les huissiers et les nervis fascistes. Voilà de quoi donner des sueurs froides aux classes possédantes ! Faute de débouchés politicards aptes à domestiquer la révolte, les dirigeants se sont donc résolus à aménager l’avènement de Syriza au pouvoir, depuis plus d’un an. Entre la victoire probable de ce mouvement de gauche pas si méchant que ça, et une révolution sociale ou le recours dangereux à un coup d’état, la bourgeoisie a vite choisi, et s’est organisée en conséquence pour achever de rendre Syriza inoffensif.

Tout d’abord, face à cette coalition qui menaçait de ne plus payer la dette grecque, après des mois de magouilles et autres tractations les marchés financiers ont obtenu des gouvernants européens le rachat massif des dettes souveraines pourries des Etats, qui passent des mains du privé vers le public. La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi 22 janvier une historique opération de « quantitative leasing » (QE), à hauteur de 1100 milliards €. Histoire de mettre à l’abri les capitaux en cas de défaut grec d’une part, et de faire casquer les prolos d’autre part. Le tout maquillé sous l’alibi piteux d’une « relance de l’activité économique en Europe ». Ce vaste transfert de dettes pourries des Etats, des capitaux privés vers les prolétaires, issues du sauvetage des marchés financiers par les Etats suite à la crise de 2008, la BCE a mis des années à en reculer l’échéance. Mais, magie du hasard, ç’a été emballé pesé plié trois jours avant les élections grecques, alors que Syriza se profilait comme vainqueur assuré.

Par ailleurs, la bourgeoisie avait déjà commencé, depuis un bon moment déjà, à négocier avec la direction de Syriza. Syriza présente l’intérêt de ne pas se réclamer, contrairement à ce qui est écrit un peu partout, de l’anticapitalisme. Syriza n’est qu’une coalition hétéroclite de gauche, plutôt à droite du front de gauche français, s’il fallait employer une comparaison. En échange de la bienveillance des dirigeants économiques et politiques d’Europe, Syriza a donné des gages de soumission, en faisant le tri dans sa direction et en bridant sévèrement son opposition de gauche. Au final, les candidats présentés par Syriza aux élections étaient quasiment partout les plus modérés et droitiers du mouvement, dont une partie de vieux croûtons exfiltrés du Pasok, la gauche moisie pécédemment au pouvoir. Une fois élu, Syriza continue à montrer qu’il apprend docilement les petits codes du pouvoir, en déclarant son alliance avec un parti de droite réac et souverainiste, prônant de renforcer la traque aux migrant.e.s, dénonçant le « multiculturalisme » et souhaitant le rapprochement avec l’Eglise orthodoxe. Ce pan véreux du discours souverainiste de gauche, fricotant avec ce genre de nationalisme malsain, rend même Syriza sympathique à une Marine Le Pen en France, c’est dire le confusionnisme politique – qui ne touche hélas pas que Syriza en Europe, suivez nos regards !

Surtout, en recentrant son discours politique aux accents initialement offensifs, Syriza a réduit son véhément programme à une peau de chagrin. Alexis Tsipras, autrefois boudé par les partis de la gauche institutionnelle européenne, est aujourd’hui devenu leur coqueluche. Il y a de quoi, puisqu’il se contente désormais de vagues propositions néo-keynésiennes, bien éloignées de ses saillies gauchistes passées. Ainsi, il n’est plus question de sortie de la zone euro, ni d’annuler la dette. Le voici « prêt à négocier avec nos créanciers sur une solution mutuellement acceptable », c’est-à-dire le rééchelonnement de la dette. Tout est dans ce « mutuellement« … En ce qui concerne le salaire minimum, l’un des principaux points du programme initial, il est désormais question d’une mise en œuvre progressive, ben voyons. Quant à revenir sur la législation sociale brisée par les partis précédemment au pouvoir (licenciements massifs légalisés, durée du travail hebdomadaire explosée, heures supplémentaires non payées, négociations collectives en charpie), une sage timidité prévaut désormais, avec un appel à renégocier tout ça. Voilà qui ne mange pas de pain. Quant à la lutte des habitant.e.s de Halkidiki contre le monstrueux projet d’exploitation de mines d’or par la compagnie « Eldorado Gold », il déclare benoîtement que « la loi sera appliquée » et que « les contrats seront examinés ». Quel courage politique ! Enfin, en ce qui concerne la réintégration des milliers de travailleur.euse.s du secteur public licencié.e.s, ainsi que la remise en cause du Taiped, organisme gérant toutes les privatisations sous l’injonction des créanciers de la Grèce (touchant des entreprises publiques, des plages, des montagnes, des forêts) et provoquant des licenciements de masse, Syriza déclare : « nous allons étudier la légalité de ce qui s’est passé. » Tremble Phynance, ton heure est venue !

Les lendemains qui déchantent

Brèfle. Les réactions quasi-unanimes des classes dirigeantes européennes et de leurs médias aux ordres, saluant la victoire de Syriza, montrent assez que la manoeuvre a réussi, et les satisfait. En France, on peut reconnaître à ce sacré Jean-Marc Sylvestre une certaine franchise. Il se réjouit de l’élection de Syriza, car son échec programmé va selon lui montrer à toute la gauche contestataire qu’il n’y a pas d’autre solution possible que l’application des mesures d’austérité. Il est certain que le programme initial « anti-austérité » de Syriza, ne sortant absolument pas du cadre capitaliste, va s’avérer impossible à mettre en oeuvre. Syriza se contentera de jouer son petit rôle d’interlocuteur international pour négocier et rééchelonner la « dette » imposée aux Grecs. Ce qui contribuera à discréditer non seulement les âneries de la gauche keynésienne (nous ne nous en plaindrons certes pas), mais aussi, plus largement, les discours alternatifs à l’idéologie autoritariste et économiciste de l’organisation sociale. Cette hypothèse s’est confirmée lorsque les médias bourgeois proclamaient unanimement, après la victoire de Syriza, le triomphe de la gauche « radicale », « révolutionnaire », « anticapitaliste », ce que Syriza n’est évidemment pas.[1] A travers l’échec et les désillusions programmés de Syriza, les classes dirigeantes veulent discréditer dans les médias tout anticapitalisme réel et conséquent, et nous plonger dans la résignation totale à leur diktat. Elles oublient juste que pour nombre d’entre nous, la lutte politique ne se joue plus dans le spectacle médiatique, mais dans nos vies réelles.

L’alternative au capitalisme ne peut qu’être révolutionnaire

La gestion politique du capitalisme, par essence inégalitaire et autoritaire, quels que soient les atours de « gauche » dont se parent ses tenants, ne peut conduire qu’aux désillusions. Avec la victoire de Syriza, la bourgeoisie qui flippait (et flippe encore) prévoit déjà l’étape prochaine. Partout en Europe, elle s’oriente vers une gestion autoritariste de la société, en forme d’occupation policière renforcée de l’espace social, de nouveaux dispositifs législatifs liberticides au nom de la « lutte antiterroriste », de mise au pas des espaces de lutte dans et hors le monde du travail. Nous n’en sommes pas encore au « fascisme », sinon nous ne pourrions même pas rédiger cet article, mais il est grand temps de reprendre un temps d’avance sur nos adversaires de classe, qui ne cessent de montrer qu’ils sont bel et bien organisés. Les dirigeants font feu de tout bois pour accroître la répression tous azimuts des pauvres et des révolté.e.s.

Pour en revenir à la Grèce, contrairement à ce que le spectacle médiatique prétend, la victoire de Syriza ne fait pas l’unanimité chez les militant.e.s, bien loin de là. Nos camarades anarchistes, très présents en Grèce dans les mouvements sociaux, ont appelé à une grève du vote. Force est de constater que, dans un pays où l’abstention est interdite, conduisant à des difficultés pour l’obtention de papiers (passeport, permis de conduire), l’abstention reste impressionnante pour ces élections grecques pourtant surmédiatisées, s’élevant à 36 %. Soit bien plus d’abstentionnistes que de personnes votant Syriza… c’est étrange, les médias en parlent peu.

Et pour cause. Il s’agit de taire le fait historique incontournable, que les conquêtes des droits et des libertés sont le résultat, aujourd’hui comme hier, des luttes autonomes des opprimé.e.s. Des alternatives de vie et de luttes existent déjà en nombre à travers toute la Grèce, mais aussi en France, en Europe, dans le monde. Ce sont elles qui changent le rapport de force, loin du spectacle médiatique et politicien. Pour nous redonner la patate, voyons ou revoyons le film documentaire « Ne vivons plus comme des esclaves », qui présente les témoignages de nombreux.ses camarades grec.que.s mettant en place des alternatives de vie et de lutte réelles et efficientes, résistant à la guerre que nous mènent les capitalistes. Puis mieux encore : éteignons nos écrans, et retroussons-nous les manches.

Pavillon Noir, 26 janvier 2015

[1] Le parti grec se prétendant « anticapitaliste » (lol) et se présentant aux élections grecques était Antarsya… et n’a fait que 1%.

[2] Visible par exemple sur youtube : http://youtu.be/rpqk24qvoR4

[Poitiers] Bas les pattes sur Jean-François !

Tandis que les élu.e.s et hauts fonctionnaires de la région Poitou-Charentes communient pour les « valeurs de la République », l’arsenal policier et judiciaire est renforcé, les militant.e.s des droits sociaux sont réprimé.e.s. Minute de silence, silence des pantoufles ? Prendre du recul, refuser la récupération politique, prendre le temps du débat de fond indispensable pour comprendre et combattre la violence structurelle à l’oeuvre dans notre société, c’est risquer la répression d’Etat ! Notre camarade, Jean-François, vient d’en faire les frais.

Les gouvernants nous disent que les « valeurs de la république » sont menacées. Mais quelles valeurs, quelle république, menacées par quoi ? Parle-t-on des valeurs historiques de la république sociale, à savoir le fédéralisme, la démocratie directe, l’émancipation autonome des opprimé.e.s, l’éducation populaire, la socialisation des biens et des savoirs ? Parle-t-on des valeurs démocratiques des sections de sans-culottes de l’est parisien, défendant le mandat impératif contre la Convention ? Des valeurs d’égalité sociale des ouvrier.e.s révolté.e.s de 1848 ? Des valeurs émancipatrices des communard.e.s de 1871 ? Des valeurs des anti-colonialistes luttant contre l’Empire français ? Non : ils et elles ont été réprimé.e.s, massacré.e.s sans pitié par la République française. Parle-t-on des républicains espagnols, pour la plupart libertaires, qui libérèrent Paris en 1944 ? Non : la République française les avait d’abord enfermés en camps de concentration, puis elle les a plongés dans l’oubli. Inutile de chercher dans les programmes scolaires de la République française la mémoire de celles et ceux qui ont participé à la conquête de nos droits sociaux : ces anonymes ont toujours dû se battre contre l’oppression de l’Etat pour les obtenir.

Dès lors, faut-il accepter l’injonction à nous rassembler autour des « valeurs » de la république bourgeoise, cette oxymorique « démocratie représentative », héritière en droite ligne des Thiers et autres Ferry, assassins et bourreaux des révoltes populaires, défenseurs inconditionnels de l’exploitation capitaliste, du militarisme, de l’impérialisme, du colonialisme, du patriarcat, de la répression policière et judiciaire des pauvres et des révolté.e.s ?

Pour cette République-là, la liberté réelle des individus dépend du porte-monnaie, et la « liberté d’expression » est à géométrie variable. Aujourd’hui encore, nos libertés s’arrêtent à celle des riches de nous exploiter, à celle des gouvernants de nous imposer des lois injustes que nous n’avons pas choisies, à celle des flics et des juges de nous réprimer quand nous luttons collectivement. « L’égalité » à la sauce étatiste est le cache-misère de l’inégalité économique et sociale, au fondement de la société capitaliste.

Jean-François est professeur de philosophie au lycée Victor Hugo de Poitiers. Il a déjà été poursuivi plusieurs fois par l’Etat, dans le cadre de son soutien aux luttes sociales des plus démuni.e.s, des sans-parole, des sans-le-sou, des sans-toit, des sans-papiers. Il a été suspendu de ses fonctions par le Rectorat le 21 janvier dernier, pour quatre mois. Une enquête a été diligentée. Cette nouvelle répression ferait suite à la plainte de parents d’élèves, dont le contenu ne lui a même pas été rapporté. On lui reprocherait son absence à la minute de silence, suite aux événements tragiques du début du mois, et même une « apologie du terrorisme » (sic !), accusation révoltante de bêtise malveillante et de mauvaise foi, quand on connaît un tant soit peu les positions de Jean-François, qui a toujours affirmé le primat du droit sur la force, son refus de la violence armée, et son refus des délires intégristes de tous bords.

Qu’entend donc le Rectorat par cette hallucinante accusation d’apologie du « terrorisme » ? Bien des juristes se sont cassé les dents sur ce terme, mais tous conviennent que cette notion est vouée à disqualifier. La notion de « terrorisme » est pour le moins confuse dans le droit français, et a aussi bien servi à l’Etat pour condamner les exécutions sommaires perpetrées début janvier par des fanatiques religieux, que pour réprimer des luttes sociales. Rappelons-nous que l’ensemble des résistant.e.s au nazisme, avant d’être célébré.e.s comme héros, étaient traqué.e.s comme « terroristes » pour le régime de Vichy, né des pleins pouvoirs accordés à Pétain par les institutions de la troisième République.

Jean-François serait donc sanctionné pour avoir contrevenu aux « valeurs de la République » ?Si oui lesquelles ? Celle de la liberté ? L’Etat intimide, censure et réprime régulièrement les militant.e.s des droits sociaux, bafouant parfois ses propres lois. Ces derniers jours, il profite cyniquement de l’émotion légitime pour fourbir son arsenal judiciaire sécuritaire et répressif, et accroître son emprise sur l’espace social. Jean-François, lui, depuis des années, participe à la vie sociale de son quartier, organise des cafés-philo, éveille ses élèves au débat philosophique, soutient les libertés de tou.te.s, y compris celles et ceux que l’Etat prive de liberté !

Parle-t-on des valeurs du « vivre-ensemble », de l’égalité et de la fraternité ? Quand l’Etat stigmatise, opprime les pauvres et les militants, expulse des campements roms, traque, enferme et expulse, Jean-François lutte pour l’égalité, notamment à travers le droit au logement ou le soutien aux migrant.e.s., n’hésitant pas à dénoncer l’hypocrisie des gestionnaires de la misère. Jean-François, contrairement à ce qu’affirme la presse, ne milite pas à « l’extrême-gauche » : il n’a jamais été encarté, il n’a même jamais voulu s’enfermer idéologiquement. Il a toujours refusé que les intérêts et sectarismes des chapelles politiques prennent le pas sur la réflexion et l’action politiques collectives.

L’hypocrisie gouvernementale s’appuie aujourd’hui sur l’émotion légitime causée par le massacre de 17 personnes, pour réprimer un peu plus une partie de la population… dont celles et ceux qui luttent pour la liberté, l’égalité et la solidarité au quotidien. L’Etat instrumentalise la mort d’êtres humains pour mettre la pression sur les pauvres, et mettre au pas des militant.e.s sincères. C’est une récupération insupportable, répugnante, sordide.

Nous exigeons le rétablissement immédiat de Jean-François dans ses fonctions.

Solidarité avec Jean-François !

Nous nous tenons disponibles pour participer à toute action collective.

Pavillon Noir, 25 janvier 2015

***

Pour info, l’article de la Nouvelle République :

http://www.lanouvellerepublique.fr/Vienne/Actualite/Education/n/Contenus/Articles/2015/01/24/Le-rectorat-suspend-le-prof-et-saisit-la-justice-2197590

Le rectorat suspend le prof et saisit la justice

Jean-François Chazerans a reçu le courrier lui, notifiant sa suspension. Aucun motif n’est indiqué. – (Photo Patrick Lavaud)

Accusé par des parents d’élèves d’avoir perturbé la minute de silence, un professeur de philo du lycée Victor-Hugo à Poitiers est mis à pied. Il se défend.

Jacques Moret organisait hier après-midi la mobilisation pour les valeurs de la République (lire plus bas). Dans son introduction il rappelait : « Le 8 janvier, il y a eu aussi l’inacceptable commis par quelques enseignants qui n’ont pas observé la minute de silence avec des arguments dérisoires invoquant une absence de nécessité. Ou des arguments plus contestables estimant que ce n’était pas le moyen le plus approprié. Mais aussi des arguments inadmissibles pour des fonctionnaires cautionnant plus ou moins les attentats. » Et le recteur de promettre des sanctions si ces faits étaient avérés. Ainsi, un professeur de philosophie du lycée Victor-Hugo à Poitiers est suspendu à titre conservatoire pour 4 mois (*) depuis mercredi. Il a été remplacé. « Sur ce cas, il y a eu des plaintes de familles, nous a confié le recteur. L’enseignant aurait tenu des propos déplacés pendant la minute de silence. J’ai immédiatement diligenté une enquête. Le professeur a été suspendu. Il fallait l’éloigner de ses élèves. La procédure suit son cours. Le conseil de discipline statuera sur la suite de sa carrière. » Par ailleurs, Jacques Moret a porté l’affaire en justice hier soir. « Le recteur m’a effectivement dit qu’il me saisissait sur le fondement de l’article 40, nous a confirmé le procureur de la République Nicolas Jacquet. Je n’ai pas à cette heure les éléments en main. » L’apologie du terrorisme est évoquée. Mais le rectorat n’en dira pas plus.

Jean-François Chazerans par contre nous a livré sa version. Ce professeur de philo mis en cause est connu pour son militantisme d’extrême gauche. Enseignant à Victor-Hugo depuis 2005, il est apparu très ému hier midi. Sous le choc. Voici sa vérité. « J’ai été interrogé lundi par deux inspecteurs d’académie. Ils m’ont dit que leur rapport serait le soir même sur le bureau du recteur et le lendemain sur celui de la ministre. Je ne sais pas ce qu’on me reproche. Je ne sais pas quel cours, quel débat est concerné. On m’a juste dit «  ce sont des propos qui ont été tenus en classe « . On évoque qu’il y avait eu des plaintes d’élèves et de parents qui sont montées directement au rectorat. Je suis sonné, je m’attendais à tout sauf à ça. Ce fameux jeudi, j’ai organisé des débats avec mes six classes de terminale. Le but était de comprendre les causes du terrorisme en sortant autant que possible de la passion et de l’émotion du moment. »

«  Les djihadistes sont des fascistes  »

Jean-François Chazerans poursuit. « Ce sont les élèves qui étaient demandeurs. J’étais réticent. Je n’aime pas évoquer à chaud de tels sujets. Devant leur insistance et leur état de choc, j’ai décidé de mettre en place ces débats. » Eludant la fameuse minute de silence (**) – « Je n’y étais pas » –, le prof engagé condamne aujourd’hui sans ambiguïté les attentats et leurs auteurs. « Ma réaction de citoyen est de dénoncer avec force ces actes odieux, horribles. On ne peut quand même pas m’accuser d’avoir la moindre sympathie pour les djihadistes. Ce sont des groupes fascistes que je combats. Il n’y a pas eu une quelconque apologie du terrorisme lors de mes cours. Au contraire… » Le prof fait montre d’incrédulité. « Je ne comprends pas. Je décide de m’exprimer car je ressens un fort sentiment d’injustice. »

(*) Pendant sa suspension, le professeur bénéficie de l’intégralité de son traitement. Il peut former des recours gracieux, hiérarchique ou contentieux pour contester cette décision. (**) Au moment où nous avons interrogé le professeur, il ignorait qu’on lui reprochait d’avoir perturbé la minute de silence.

Loïc Lejay , Nouvelle République, 24 janvier 2015

Nouvelles attaques contre le droit du travail

Nouvelles attaques sur le droit du travail

Le salariat c’est quoi ? C’est un mode d’organisation des activités humaines répondant non aux besoins réels, mais à l’accroissement du capital. Les salarié.e.s ne décident pas quoi produire, ni comment produire : ça ne leur appartient pas plus que leur force de travail mise à disposition de l’employeur. Le patron ne nous emploie pas pour « créer des emplois » mais pour prélever un profit sur le travail collectif. Deux siècles de système salarial à grande échelle, à coups d’expropriations et de répressions massives des pauvres par les Etats, nous ont rendu.e.s incapables de faire autrement que de nous vendre aux capitalistes pour subsister. L’emploi n’est pas un « contrat » équitable entre deux « partenaires sociaux » : nous bossons pour survivre, hier comme aujourd’hui. Nous sommes des prolétaires : non rentier.e.s, nous ne détenons pas les capitaux et les moyens de production.

Néanmoins la classe prolétaire, en luttant contre son exploitation salariale, a obtenu la concession de droits par les patrons et l’Etat. Cela s’appelle le droit du travail. Il est loin d’être parfait, puisqu’il codifie les conditions du salariat, institution abjecte en elle-même. Mais il nous protège, en partie. Il n’est pas inscrit dans le marbre, et constamment remis en cause. Nous assistons actuellement, dans la suite des dizaines de milliards accordés par le PS au patronat dans le cadre du « pacte de compétitivité », à une nouvelle vague d’attaques graves contre ce droit du travail. Ces projets funestes prévoient de dégrader sensiblement les conditions de travail et la rémunération des salarié.e.s. Ce, au prétexte que la compétitivité susciterait l’emploi, hypothèse fumeuse largement démentie par les faits aussi bien que par la logique de réduction structurelle de la masse salariale par le développement du capital.

« Modernisation du dialogue social »

Rédigé par le MEDEF, ce projet a été rejeté par les syndicats à l’issue des discussions préalables s’achevant le 23 janvier. Mais le gouvernement PS, tout fâché, a déclaré illico presto qu’il prendrait le relais pour trancher. Prochaine réunion des « partenaires sociaux » le 19 février… Le MEDEF et son allié « socialiste » ont pour projet de supprimer les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), nés en 1992 (lois Auroux). Les CHSCT jouent un rôle important dans la protection de la santé des salarié.e.s. Ce contre-pouvoir, quoique imparfait, parvient jusque là à bloquer des réorganisations managériales, des méthodes d’évaluation nuisibles et des plans de licenciements. Il est donc devenu insupportable au patronat, qui propose que des « conseils d’entreprise » remplacent les fonctions actuellement assumées par les délégués du personnel, les comités d’entreprise et les CHSCT. Or ces conseils d’entreprise ne seraient obligatoires que dans les entreprises et établissements de plus de 300 salarié.e.s, privant de fait de droits le prolétariat trimant dans des structures plus petites. De façon générale, non seulement les représentante.s du personnel seraient bien moins nombreux.ses, mais le budget alloué aux instances représentatives serait aussi en nette baisse, privant nombre de salarié.e.s de la possibilité de recourir à des expertises coûteuses mais indispensables pour se protéger des employeurs.

La fameuse « loi Macron »

Le 26 janvier s’ouvrent les débats parlementaires visant à avaliser les diverses propositions de la loi fourre-tout dite « Macron », du nom d’un millionnaire issu du monde de la finance, sévissant actuellement comme ministre de l’économie pour les « socialistes » au pouvoir. Dans ce bric-à-brac de la loi Macron, on trouve des dispositions préoccupantes, qui concernent notamment :

* le travail du dimanche et en « soirée » : des dérogations supplémentaires seraient accordées au motif du « préjudice au public et à l’activité », et dans les zones désignées touristiques et commerciales. Les patrons pourraient nous faire taffer sans contrepartie financière le dimanche et la nuit, sur « accord » des employé.e.s (comme si on avait le choix !). Dans les zones touristiques, le travail dit de nuit ne débuterait plus à 21H mais à minuit. L’exception risque fort de devenir la règle, rognant les compensations salariales. Rappelons que nombre de gens bossent le dimanche et la nuit faute de pognon… notamment les femmes et les jeunes, trimant dans le commerce et les services.
* les prud’hommes
: les juges élus, actuellement considéré.e.s comme trop favorables aux salarié.e.s, seraient réduits au rôle d’assesseurs de nouveaux juges professionnels, désignés par l’Etat via le Tribunal de Grande Instance. Nombre de litiges seraient désormais traités par des « conventions » de règlement « à l’amiable » entre patrons et salarié.e.s, en dehors des prud’hommes. Ainsi, c’est le fondement même du code du travail, à savoir le rapport de subordination, inégal par essence, entre le patron et son salarié, qui ne serait plus reconnu. Soit deux siècles de retour en arrière sur les acquis et les jurisprudences protégeant les salarié.e.s.
* l’inspection du travail : exit le pouvoir des juges, puisque la plupart des sanctions prévues par le code du travail seraient carrément dépénalisées, et transformées en simples amendes administratives. Les peines d’emprisonnement condamnant les délits patronaux d’entrave au droit syndical (comme la non-consultation des syndicats en cas de restructuration) seraient supprimées.
* les licenciements économiques : procédures facilitées et accélérées de dégraissage de prolos. Les grands groupes n’auraient plus à payer lorsqu’ils ferment une filiale. Les actions pourront ainsi se ressaisir plus vite, sur le marché des vies brisées.
* la médecine du travail : les médecins seraient désormais interdits de délivrer des avis d’aptitude avec réserves, qui obligent jusque là les employeurs à adapter le poste de travail à l’état de santé des travailleurs, et les empêchent de les licencier abusivement.
* les travailleurs handicapés : les patrons ne seraient plus obligés d’employer des travailleurs handicapés : leur seraient proposés le précaire statut de travailleur indépendant, ou des « périodes de mise en situation en milieu professionnel » à durée déterminée.
* le travail clandestin : la sanction des patrons embauchant des salarié.e.s sans les déclarer (donc sans les couvrir d’une protection sociale) serait remplacée par une simple suspension d’activité, ne pouvant pas dépasser un mois. L’employeur pourrait même décider de payer une amende à la place.
* les transports : libéralisation prévue du transport interrégional par autobus, dégradant encore plus le service public ferroviaire. Privatisation des aéroports de Nice et de Lyon. De nouveaux marchés juteux, au détriment des salarié.e.s et des usagers.

Toutes ces attaques sont le reflet de l’offensive patronale en cours depuis des années. Elle ne cesse de s’accélérer, et se poursuivra contre nous tant que nous ne la stopperons pas par la lutte et l’organisation de la grève générale. Alors que nombre de prolos grondent et n’en peuvent plus de se sentir méprisé.e.s, la réponse des bureaucraties de la contestation se contentant de négocier l’inacceptable, ou de proposer des broutilles, n’est absolument pas à la hauteur. Nous ne prendrons pas la peine de rapporter ici les revendications pitoyables de la plupart des organisations syndicales et partidaires, au risque de dire des méchancetés. La stratégie gauchiste perdante d’y aller « pas à pas » pour « convaincre les masses », sous-entendant que les prolo.te.s seraient trop con.ne.s pour comprendre, est surtout parvenue à désespérer tout le monde.

L’histoire montre que les conquêtes sociales ne se sont pas gagnées par des revendications partielles, mais par la menace d’une révolution sociale expropriatrice, lorsque les prolo.te.s débordent les structures censées les représenter. Nous produisons tout, nous sommes capables de satisfaire nos besoins sans patronat ni Etat. Pourquoi continuer à produire pour le seul profit de gens obsédés par le pouvoir et le pognon ?

Vu le paysage actuel des luttes, vue l’entreprise de division du prolétariat par le gouvernement et les médias bourgeois, sur fond de banalisation des discours discriminatoires puants, vue la répression partout à l’oeuvre, la tâche n’est pas aisée. Mais malgré la fatigue, malgré la déprime, nous ne devons pas, nous ne pouvons pas renoncer. L’organisation réelle du prolétariat passe, aujourd’hui comme autrefois, par la construction quotidienne de liens solides et solidaires, aussi bien dans le partage et l’entraide que dans la lutte, sur le long terme. Des liens moins idéologiques que de classe, moins spectaculaires qu’efficients, avec toutes celles et ceux qui ne se résignent plus face à l’injustice, l’exploitation, la domination, et qui sont résolu.e.s à bâtir ici et maintenant un monde solidaire.

Pavillon Noir, 25 janvier 2015