NdPN : suite à l’affiche ahurissante de la mairie FN de Béziers, quelques détournements rapportés par Le Midi Libre… dont celui-ci, commis par l’AFA Paris-Banlieue.
NdPN : suite à l’affiche ahurissante de la mairie FN de Béziers, quelques détournements rapportés par Le Midi Libre… dont celui-ci, commis par l’AFA Paris-Banlieue.
NdPN : face à la baisse tendancielle du taux de profit suscité par la concentration des capitaux, et aux licenciements qui vont avec pour préserver les marges de profit qui s’atténuent, la solution consiste, pour l’Etat auxiliaire du Capital, à promouvoir toujours plus de grands chantiers coûteux, inutiles et nuisibles, mobilisant et centralisant toujours plus le capital… et qui une fois accomplis engendreront encore plus de chômage. Pour rappel, un emploi créé dans une grande surface ce sont cinq emplois détruits. La « solution » palliative à cette fuite en avant dans la destruction sociale consiste, pour l’Etat-larbin, à faire porter le chapeau aux populations par l’endettement généralisé et la dégradation des conditions de vie… seul moyen de soutenir la confiance des marchés en la croissance de leurs capitaux, c’est-à-dire de leur butin de guerre. Jusqu’à quand nous laisserons-nous démolir par le cynisme des gouvernants ? Jusqu’à ce que le monde entier soit devenu un réseau de métropoles-supermarchés reliées par des tunnels traversant des déserts lunaires ? L’inanité de leur politique transparaît clairement dans les propos rapportés dans cet article de la NR. Face à cette logique hégémonique mortifère du capitalisme : révolte, autonomie, tous zadistes !
Pas d’embellie sur le front du chômage en 2014
L’inflexion de la courbe attendue l’an dernier ne s’est pas confirmée. Pour 2015, le directeur régional du Travail juge néanmoins la conjoncture favorable.
Il y a un an, le directeur régional du Travail et de l’emploi, Jean-François Robinet, croyait voir le bout du tunnel sur le front du chômage dans la Vienne et en Poitou-Charentes. À l’époque, les statistiques laissaient entrevoir une sortie de crise avec une « inflexion de la courbe » du nombre de demandeurs d’emploi qui devait précéder l’inversion.
L’avenir ne lui a pas donné raison. Au 31 décembre 2014, on comptait 2.480 demandeurs d’emplois (1) de plus qu’au 1er janvier dans la Vienne (31.606, soit une hausse annuelle de 8,5 %) et 9.890 de plus en Poitou-Charentes (141.301, soit une hausse annuelle de 7,5 %).
« Le bilan est morose », reconnaît Jean-François Robinet. Et la tendance concerne tout le monde : les jeunes, les seniors, les hommes, les femmes et les demandeurs inscrits depuis plus d’un an dont le nombre n’a cessé de croître depuis 2010, passant de moins de 45.000 à plus de 60.000 dans la région.
« De nombreux départs à la retraite attendus »
Les emplois aidés ont pourtant permis de limiter la hausse, en particulier auprès des moins de 25 ans qui ont bénéficié des 2.300 emplois d’avenir mais aussi des 1.481 contrats de génération contractés en Poitou-Charentes en 2014. « Compte tenu des nombreux départs à la retraite attendus en 2016 dans les collectivités et dans la fonction publique d’État, il semble raisonnable de penser que les emplois d’avenir de service vont se transformer en CDI », ajoute le directeur du travail.
Pour ne rien arranger, le chantier de la LGV qui a fait travailler 2.000 habitants de la région depuis trois ans commence à débaucher : « On s’attendait à une forte augmentation du nombre de demandeurs d’emplois au sein de la plateforme de mutation économique mais la part des auto-reclassements est significative. Seuls 600 anciens salariés sur les 2.000 sont en recherche d’emplois. »
Reste que la tendance globale n’est pas bonne pour 2015. « Objectivement, il y avait l’an dernier des éléments d’amélioration que je ne retrouve pas cette année », avoue Jean-François Robinet qui voit tout de même des raisons d’espérer. D’abord grâce à une conjoncture favorable : un prix du pétrole durablement bas qui favorise l’activité et un euro faible qui devrait « booster » les exportations.
L’effet d’aubaine de Center Parcs
Mais aussi en raison des effets attendus du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) : « 100 millions d’euros de ristourne en 2014 pour les entreprises de la région et un montant encore plus élevé en 2015 », précise le patron de la Direccte (2). « Ça va avoir un impact extraordinaire sur l’emploi. »
L’administration a par ailleurs recensé une vingtaine de grands chantiers générateurs d’emplois dans le BTP au cours des prochaines années – même si les projets routiers sont retardés en raison du report de l’écotaxe – et compte beaucoup sur les six cents recrutements en cours pour le Center Parcs qui ouvrira en juin prochain dans le Loudunais. « Ce n’est pas marginal à l’échelle de la région et cela va avoir un effet d’aubaine extraordinaire dans le Nord Vienne et le Nord Deux-Sèvres », estime Jean-François Robinet. Le tourisme qui génère jusqu’à 36.000 emplois au plus fort de la saison reste une valeur sûre du marché du travail dans la région.
(1) Catégories A, B et C (2) Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi
À travers les deux textes proposés ici, nous souhaitons engager le débat en mettant en circulation des informations et des réflexions auxquelles nous avons eu accès et qui nous ont paru suffisamment importantes pour qu’elles soient connues du plus grand nombre.
Nous ne sommes pas des experts, seulement un groupe d’antinucléaires convaincus qu’il faut tout faire pour obtenir l’arrêt immédiat du nucléaire civil et militaire avant la catastrophe – une catastrophe que même les nucléocrates reconnaissent désormais comme probable en France.
Nous n’avons donc pas les moyens d’amener d’autres éléments que ceux présentés ici au débat entre partisans d’un démantèlement différé et promoteurs du démantèlement immédiat. Mais nous sommes bien convaincus que la mise à l’arrêt rapide et définitif de toutes les centrales permettrait non seulement de limiter l’ampleur des déchets radioactifs que le pouvoir a pris la responsabilité – en faisant taire toutes les oppositions – de laisser en héritage aux générations à naître, mais aussi de mener posément la réflexion collective sur les moyens les plus adaptés de limiter les risques de contamination que la présence inéluctable de ces déchets fait désormais courir à la population. Et que, à l’inverse, le prolongement de vie des centrales voulu par les détenteurs du pouvoir ne peut qu’aggraver des problèmes qu’eux-mêmes – on le comprendra à la lecture de ces textes – ne savent comment résoudre.
Les risques qui seraient induits par un démantèlement immédiat, tels qu’ils nous sont décrits dans ces textes, sont si énormes que nous nous demandons pour quelles raisons la question du démantèlement des centrales a été jusque-là si peu discutée dans les milieux antinucléaires. Certes, la tentation est grande de se dire : qu’ils gèrent eux-mêmes la merde qu’ils ont créée contre notre volonté. Mais la défaite que nous avons subie au moment où le pouvoir nous a imposé par la force la construction accélérée de 58 réacteurs nucléaires ne justifie pas que nous nous sentions aujourd’hui dispensés de regarder en face les risques supplémentaires que, dans son entêtement aveugle, ce pouvoir assassin va choisir une fois de plus d’imposer à la population, et en premier lieu aux travailleurs du nucléaire, si nous ne faisons rien.
Collectif contre l’ordre atomique
21 ter, rue Voltaire, 75011 Paris
contre-lordre-atomique(at)riseup.net
Vu sur Paris-Luttes
Êtes-vous un anarchiste? – La réponse pourrait vous surprendre! (David Graeber)
David Graeber est professeur d’anthropologie sociale à la London School of Economics (LSE). Il est membre de l’IWW (Industrial Workers of the World), un syndicat anarchiste. Anarchiste et activiste, fils d’un couple d’autodictates ouvriers, il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont “Pour une anthropologie anarchiste”. Il est aussi l’une des principales figures du mouvement Occupy Wall Street.
Cet article est une traduction, l’original, en anglais, se trouve à l’adresse: http://theanarchistlibrary.org/library/david-graeber-are-you-an-anarchist-the-answer-may-surprise-you
Il se peut que vous ayez déjà entendu deux ou trois choses à propos des anarchistes et de ce en quoi ils sont supposés croire. Mais il y a aussi de fortes chances pour que tout ce que vous ayez entendu soit un non-sens total. Beaucoup de gens semblent penser que les anarchistes sont des adeptes de la violence, du chaos et de la destruction, qu’ils sont contre toute forme d’ordre ou d’organisation ou encore que ce sont des nihilistes allumés qui veulent simplement tout faire exploser. En réalité, rien n’est plus éloigné de la vérité. Les anarchistes sont simplement des gens qui pensent que l’être humain est capable de se comporter de manière raisonnable sans avoir à y être forcé. C’est une notion très simple. Mais c’est aussi une notion que les riches et puissants ont toujours trouvée très dangereuse.
Au plus simple, les croyances de l’anarchiste se basent sur deux principes élémentaires. La première est que les êtres humains sont, d’ordinaire, aussi raisonnables et décents que possible et peuvent s’organiser eux et leurs communautés sans qu’on leur dise comment faire. La seconde est que le pouvoir corrompt. Mais avant tout, l’anarchisme est une façon d’avoir le courage de prendre les principes simples de la décence commune selon laquelle nous vivons tous (NdT: fondée essentiellement sur le droit naturel, cf. Lysander Spooner) et de les suivre jusqu’à leurs conclusions logiques. Aussi étrange que cela puisse paraître, dans les grandes lignes, vous êtes déjà probablement un anarchiste qui s’ignore.
Commençons par quelques exemples de la vie de tous les jours:
Si vous avez répondu “oui”, alors vous agissez comme un anarchiste ! Le principe le plus basique de l’anarchisme est l’auto-organisation: la supposition selon laquelle les êtres humains n’ont pas besoin d’être menacés de poursuite judiciaire, ni d’aucune forme de coercition pour être capable de se comprendre raisonnablement les uns les autres ou de se traiter mutuellement avec respect et dignité.Tout le monde pense être capable de se comporter raisonnablement. Si l’on pense que la loi et la police sont nécessaires, c’est parce qu’on considère que les autres n’en sont pas capables. Mais en y réfléchissant, ne pensez-vous pas que tous ces gens pensent la même chose de vous ? Les anarchistes argumentent sur le fait que presque toute l’attitude antisociale qui nous fait penser que les armées, polices, prisons et gouvernements sont nécessaires, provient en fait des inégalités et des injustices systématiquement causées par ces mêmes institutions – armées, polices, et prisons. Il s’agit d’un cercle vicieux. Si les gens sont habitués à être traités comme si leurs avis n’avaient aucune importance, alors ils seront plus enclins à devenir coléreux, cyniques voire violents – ce qui, par conséquent, permet à ceux au pouvoir de décréter que leurs avis importent peu. Une fois qu’ils comprennent que leur opinion a vraiment de l’importance comme celle de tous les autres, alors les gens deviennent vraiment compréhensifs. Pour faire court: Les anarchistes pensent que c’est le pouvoir en lui-même et les répercussions de ce pouvoir, qui rendent les gens stupides et irresponsables.
Si vous avez répondu “oui”, alors vous appartenez à une organisation qui fonctionne selon des principes anarchistes ! Un autre principe de base de l’anarchie est l’association volontaire. Il s’agit simplement de l’application de principes véritablement démocratiques à la vie de tous les jours. La seule différence c’est que les anarchistes pensent qu’il est possible d’avoir une société dans laquelle tout est organisé selon cette ligne de conduite, avec des groupes fonctionnant sur la base du consentement libre de leurs membres et que, par conséquent, tout type d’organisation pyramidale (du haut vers le bas) — de style militaire et bureaucratique, ou comme les grandes corporations — fondé sur une chaîne de commandement, un principe hiérarchique, ne serait plus du tout nécessaire. Peut-être ne pensez- vous pas que cela soit possible. Peut-être le pensez-vous. Mais à chaque fois que vous parvenez à un accord consensuel, plutôt que coercitif, chaque fois que vous passez un accord volontaire avec une ou plusieurs personnes, parvenez à un accord compréhensif ou à un compromis en prenant en considération la situation particulière de l’autre ou ses besoins, vous êtes un anarchiste – même si vous n’en avez pas conscience.
L’anarchisme c’est juste la façon dont les gens agissent lorsqu’ils sont libres de suivre leur volonté, et quand ils interagissent avec d’autres qui sont également libres et donc conscients de la responsabilité que cela implique pour les autres. Ceci mène à un autre point crucial: alors que les gens peuvent être raisonnables et bienveillants quand ils interagissent avec leurs égaux, la nature humaine est telle qu’on ne peut leur faire confiance lorsqu’ils sont investis d’une autorité sur les autres. Donnez à quelqu’un un tel pouvoir et il en abusera d’une manière ou d’une autre.
Si vous avez répondu “oui”, alors vous souscrivez à la critique anarchiste de la société d’aujourd’hui – du moins dans ses grandes lignes. Les anarchistes pensent que le pouvoir corrompt et que ceux qui passent leur vie entière à le rechercher sont les derniers qui devraient en être investis. Les anarchistes pensent que notre système économique actuel a plus tendance à récompenser les gens pour leur attitude égoïste et sans scrupule que pour leur décence et leur attention. La plupart des gens ont ce sentiment. La seule différence c’est que la plupart des gens pensent qu’on ne peut rien faire à ce sujet, ou, de toute façon – et c’est ce sur quoi les serviteurs des puissants vont toujours avoir tendance à insister – rien qui ne ferait empirer les choses.
Et si c’était faux ?
Y a-t-il vraiment une seule bonne raison de croire ça ? Quand vous les analysez, la plupart des prédictions sur ce qu’il se passerait sans l’État ou le capitalisme s’avèrent complètement fausses. Pendant des milliers d’années, les gens ont vécu sans gouvernement. Dans bien des endroits du monde, aujourd’hui encore, des gens vivent en dehors de tout contrôle gouvernemental. Ils ne s’entretuent pas. Ils vaquent à leurs occupations, comme tout un chacun. Bien sûr dans une société moderne, urbaine et complexe, ça serait un peu plus compliqué, mais la technologie peut également servir à résoudre ces problèmes.
En fait, nous n’avons même pas encore commencé à réfléchir à ce à quoi ressembleraient nos vies si la technologie était vraiment mise au service des besoins fondamentaux de l’humanité. Combien d’heures devrions-nous vraiment travailler pour maintenir une société fonctionnelle – cela s’entend, si nous éliminions tous les boulots inutiles comme, par exemple, les démarcheurs téléphoniques, les huissiers de justice, les gardiens de prisons, les analystes financiers, les “experts” en relations publiques, les bureaucrates et les politiciens et si nous détournions nos esprits scientifiques les plus brillants de leurs recherches actuelles en armement spatial ou en analyses de marché, pour qu’ils s’emploient à mécaniser les tâches dangereuses ou ennuyeuses comme l’extraction de charbon et le nettoyage de salle de bain, tout en redistribuant le travail restant de manière équitable ? 5 heures par jours ? 4 heures ? 3 ? 2 ? Personne ne sait, parce que personne ne pose ce genre de question. Les anarchistes pensent que ce sont LES questions qui doivent être posées.
“Peu importe qui a commencé”. “ On ne guérit pas le mal par le mal”, “nettoie ton propre bordel”. “Ne fais pas aux autres…”. “Ne sois pas méchant avec les autres juste parce qu’ils sont différents”. Nous devrions peut-être chercher à savoir si nous mentons à nos enfants lorsque nous leur parlons du bien et du mal, ou si nous sommes prêts à prendre au sérieux nos propres injonctions. Parce que si vous suivez ces principes moraux jusqu’à leurs conclusions logiques, vous arrivez à l’anarchisme.
Prenez le principe « on ne guérit pas le mal par le mal». Si nous prenions cela au sérieux, ça invaliderait entièrement le fondement des guerres et du système judiciaire. Il en va de même pour le partage: nous disons toujours aux enfants qu’ils doivent apprendre à partager, à prendre en considération les besoins des autres, à s’entraider, quand, dans nos réalités de tous les jours, nous supposons que tout le monde est naturellement égoïste et compétitif. Un anarchiste ferait remarquer: en fait ce que nous disons à nos enfants est exact. La quasi-totalité des plus remarquables prouesses de l’histoire de l’humanité, des découvertes et des accomplissements qui ont amélioré nos vies, ont vu le jour grâce à l’entraide et à la coopération ; aujourd’hui encore, nous dépensons plus d’argent pour nos amis et notre famille que pour nous-mêmes ; et bien qu’il risque de toujours y avoir des gens compétitifs dans le monde, il n’y a aucune raison de fonder la société sur l’encouragement de ce type d’attitude, et encore moins d’encourager la compétition pour la satisfaction des besoins fondamentaux. Cela sert uniquement les intérêts de ceux au pouvoir, qui souhaitent que nous vivions dans la peur de l’autre. C’est pourquoi les anarchistes imaginent une société fondée non seulement sur l’association libre mais aussi sur l’entraide mutuelle (NdT: cf. Pierre Kropotkin). Le fait est que la plupart des enfants grandissent en croyant en une morale anarchiste, puis, au fur et à mesure, se rendent compte que le monde des adultes ne fonctionne pas vraiment de cette façon. C’est pourquoi bien des adolescents deviennent rebelles, aliénés, voire parfois suicidaires, et finissent en adultes amers et résignés. Leur seul réconfort étant souvent d’éduquer des enfants eux-mêmes en prétendant avec eux que le monde est un endroit juste. Qu’en serait-il si nous pouvions commencer à bâtir un monde véritablement fondé sur, au moins, le principe de justice ? Ne serait-ce pas le plus beau cadeau qu’on puisse offrir à nos enfants ?
Si vous avez répondu “oui”, eh bien, il se pourrait bien que vous ne soyez pas un anarchiste après tout. Mais si vous avez répondu “non”, alors il y a des chances pour que vous souscriviez à 90% des principes anarchistes, et pour que vous viviez d’ores et déjà votre vie en accord avec. A chaque fois que vous traitez un autre être humain avec considération et respect, vous êtes un anarchiste. A chaque fois que vous réglez vos différends avec les autres en arrivant à un compromis raisonnable, en écoutant ce que chacun a à dire plutôt qu’en laissant une personne décider pour tout le monde, vous êtes un anarchiste. A chaque fois qu’ayant l’opportunité de forcer quelqu’un à faire quelque chose, vous décidez plutôt de faire appel à sa raison et à son sens de la justice, vous êtes un anarchiste. Même chose pour toutes les fois où vous partagez quelque chose avec un ami, ou décidez ensemble qui va faire la vaisselle ou faites quoi que ce soit en gardant l’équité à l’esprit.
Vous pourriez maintenant objecter que tout cela est bien et valable pour de petits groupes de personnes, mais que gérer une ville, une région ou un pays est une autre paire de manches. Bien sûr il y a du vrai là-dedans. Même en décentralisant au maximum la société et en mettant autant que faire se peut le pouvoir entre les mains des petites communautés, il y aura toujours beaucoup de choses qui devront être coordonnées, de la gestion des chemins de fer aux orientations de la recherche médicale. Mais parce qu’une chose est compliquée ne signifie en rien qu’il ne soit pas possible de l’accomplir démocratiquement. Ça sera simplement compliqué. D’ailleurs, les anarchistes ont toutes sortes d’idées et de visions sur la manière dont une société complexe puisse se gérer elle-même. Les expliquer en détails ici serait s’éloigner de l’intention originale ayant motivé l’écriture d’un petit texte d’introduction comme celui-ci. Il suffit de rappeler, en premier lieu, qu’ils sont nombreux à avoir dédié beaucoup de temps à l’élaboration de modèles de sociétés véritablement démocratiques et saines ; et ensuite, et c’est tout aussi important, qu’aucun anarchiste ne prétend détenir le plan parfait. La dernière chose que nous voulons c’est imposer des modèles préfabriqués à la société. En vérité, on n’imagine probablement pas la moitié des problèmes qui se présenteront lorsqu’on tentera de créer une société véritablement démocratique ; cependant, nous sommes confiants, l’ingéniosité humaine étant ce qu’elle est, de tels problèmes pourront être résolus, tant que l’on respecte nos principes élémentaires – qui sont, en fin de compte, les principes de la décence humaine la plus élémentaire.
David Graeber
Vu sur Partage-le.com
NdPN : sur « l’affaire », voir ici.
Poitiers : les enseignants du lycée Victor-Hugo majoritairement en grève
Aujourd’hui, plus d’une quarantaine d’enseignants du lycée Victor-Hugo de Poitiers ont répondu à l’appel d’un mouvement de grève. « Nous sommes majoritaires », assure l’un d’eux. Après une distribution de tracts devant l’entrée de l’établissement ce matin, les participants ont rejoint le rectorat. Ils voulaient ainsi exprimer leur indignation face aux procédures engagées à l’encontre d’un de leurs collègues (1) et leur inquiétude concernant les conditions d’exercice de leur métier. « Ce mouvement d’inquiétude dépasse le cadre de la sanction de notre collègue et de notre établissement. Il fait suite à des signaux d’alerte. On a l’impression que nos missions sont remises en cause. Ce n’est pas l’école à laquelle on croit », soulignait une gréviste avant d’insister sur « le besoin de retrouver de la sérénité. »
(1) Professeur de philosophie, Jean-François Chazerans a été mis à pied pendant quatre mois par le rectorat de l’académie de Poitiers.
Dépêche Nouvelle République, 5 février 2015
» Ce n’est pas l’école à laquelle on croit «
Des enseignants de lycées de Poitiers et de Châtellerault ont manifesté leur soutien, hier à Poitiers, au professeur suspendu.
Pas facile de se réchauffer à faire le pied de grue devant l’entrée du rectorat à Poitiers mais la détermination des enseignants en grève du lycée Victor-Hugo était brûlante face au succès de leur action (1).
« On est plus de quarante, c’est un mouvement majoritaire contrairement à ce qu’a affirmé le recteur, assène un porte-parole. Et encore, les stagiaires et les contractuels ont été dissuadés de nous rejoindre par le contexte actuel. »
Au-delà du cadre de l’affaire Chazerans
Le contexte, c’est évidemment la mise à pied pour quatre mois de Jean-François Chazerans, professeur de philosophie à Victor-Hugo, « abasourdi par la proportion de sa sanction », dixit une prof.
« La brutalité, la rapidité et la durée de sa suspension nous interpellent. La situation au lycée n’est pas acceptable pour la majorité des collègues. C’est extrêmement tendu, on a perdu la confiance », continue notre premier interlocuteur avant qu’une enseignante enchaîne : « On a l’impression qu’on peut sauter sur un simple coup de fil des parents. C’est inquiétant car cela remet en question l’essence de notre métier et la liberté pédagogique. »
A tendre l’oreille, il apparaît que le malaise se répand au-delà du périmètre du lycée poitevin. « Ce mouvement d’inquiétude dépasse le cadre de notre collègue. On a l’impression que nos missions d’éducation et d’aide à la construction des citoyens de demain sont remises en cause, souffle une voix. Ce n’est pas l’école à laquelle on croit. » « On a besoin de retrouver de la sérénité », termine un gréviste.
(1) Des enseignants du Lycée Aliénor-d’Aquitaine de Poitiers et Edouard-Branly de Châtellerault figuraient également dans le cortège.