Avec la NR, l’entreprise c’est sympatoche !

NdPN : Un beau morceau de désinformation aujourd’hui dans les colonnes de la NR. Déjà, c’est une ode à Leroy Merlin, qui fait penser à ces pubs qu’on maquille grossièrement en articles dans le magazines (7 à Poitiers par exemple). Ensuite il révèle bien, tout en l’entretenant, la pensée dominante : l’entreprise est une grande « famille », où tout le monde a les mêmes intérêts. Exit les salarié.e.s qui vendent leur force de travail pour survivre, place aux « collaborateurs » qui « sont directement associés à [la] réussite » de l’entreprise parce qu’également « actionnaires ». Un bon enfumage pour nous faire oublier l’un des fondements de l’économie capitaliste : la réussite de l’entreprise, ses profits, ce sont les salarié.e.s qui les produisent.
Quelques extraits ont été mis en gras par nos soins.

Chez Leroy Merlin, on mise sur l’esprit de famille

Le magasin de bricolage de Chasseneuil-du-Poitou va fêter ses 25 ans. En tant qu’actionnaires, ses 145 salariés sont directement associés à sa réussite.

Comment rajeunir d’un quart de siècle en une seconde ? En se rappelant que le 18 octobre 1989, Leroy Merlin (1) a ouvert ses portes à Chasseneuil-du-Poitou au bord de la N 10 sur l’axe Poitiers – Châtellerault. « A la place des caravanes Tesserault », précise Eric Chauveau.
Le contrôleur de gestion de l’enseigne fait partie des meubles. « J’étais là le jour de l’ouverture. On avait trois ordinateurs dans le magasin… », sourit-il, avant d’être rejoint par le directeur Romain Hadjadj, arrivé dans la Vienne fin 2013.

Quel est le profil des clients de Leroy Merlin ?

Romain Hadjadj : « Avant, j’ai travaillé dans deux magasins de la région bordelaise. Ici, la clientèle est sans doute plus exigeante, plus passionnée et le prix du panier moyen est élevé. »
Eric Chauveau : « Des clients viennent deux fois par semaine. Ils vivent aussi par le magasin et attendent beaucoup de nos collaborateurs. Pour eux, c’est un lien social. »

Que leur apportez-vous ?

EC : « Du conseil et la compétence de nos collaborateurs avant tout. Les clients qui le désirent peuvent s’inscrire aux Ateliers de la maison où des professionnels dispensent des cours pratiques. On est capables d’apprendre quelqu’un à peindre, à poser du parquet… On a vraiment envie d’amener les gens à faire du bricolage. Au niveau des services, avec l’arrivée du drive en 2015, les clients pourront passer leurs commandes sur Internet. Le service de location de matériel connaît aussi un réel essor. »

Leroy Merlin est sur un créneau épargné par la crise, non ?

RH : « On est peut-être moins touché que d’autres secteurs d’activité et nous gagnons des parts de marché mais on ressent également la baisse du pouvoir d’achat. Septembre a été un mois très creux. Si nous sommes connus des Poitevins historiques, les habitants de Poitiers ne viennent pas automatiquement chez nous qui ne sommes pas intra-muros »
EC : « On va profiter de cet anniversaire pour faire le buzz en centre-ville en allant à la rencontre des Poitevins. »

Combien avez-vous de collaborateurs ?

EC : « Près de 150. Notre particularité, c’est le faible turnover. Une vingtaine de salariés est avec nous depuis le début de l’aventure. Depuis plusieurs années, Leroy-Merlin figure dans le top 10 d’un classement mondial des entreprises où il fait bon travailler. »

Comment l’expliquez-vous ?

RH : « L’objectif, c’est de mettre l’homme au cœur de l’entreprise. Les salariés sont intéressés en tant qu’actionnaires et réfléchissent à l’avenir de l’entreprise. »
EC : « On respecte les gens, on leur parle et on les écoute. Nos collaborateurs, on leur fait confiance. »

(1) Rénové en 2009, le magasin s’étend aujourd’hui sur 9.300 m2 avec 45.000 références en stock.

Leroy Merlin, Espace commercial Les Portes du Futur, 2, allée du Haut-Poitou, RN 10, 86.360 Chasseneuil-du-Poitou, Tél. 05.49.62.81.81, www.leroymerlin.fr/poitiers

en vedette

Héléna Auguste a tout connu

En 1989, Héléna Auguste, qui réside alors à Buxerolles, postule à un emploi chez Leroy-Merlin. « C’était pour un poste au balisage mais il était déjà pourvu, raconte l’intéressée. Comme le magasin avait besoin d’intérimaires pour la réception des marchandises, j’ai accepté l’offre. Et peu de temps après, la place s’est libérée au balisage… Sur la zone, il n’y avait pas grand-chose à l’époque. Leroy Merlin a drainé des commerces autour. Au départ, on faisait tout le travail à la main avec des gros marqueurs et on devait être 80 salariés. » 25 ans plus tard, Héléna est toujours là. « Maintenant, tout est informatisé et nous sommes 145… Avec les anciens, on a forcément des affinités et c’est vrai que l’ambiance est sympa. On va fêter ce 25e anniversaire tous ensemble après la fermeture du magasin vendredi. » Désormais, Héléna Auguste a élu domicile à Chasseneuil-du-Poitou.

Recueilli par Jean-François Rullier, La Nouvelle République, 15 octobre 2014

[Poitiers] Bas les pattes sur Kamel !

NdPN : Quand tous les recours légaux sont épuisés, il reste la pression de la rue. Pour rappel, il y a deux ans et demi, Kevin, alors lycéen à Poitiers, avait bénéficié d’un large soutien : de son bahut, en passant par les quelques poitevin.e.s acharné.e.s qui soutiennent les migrant.e.s, jusqu’aux passager.e.s de l’avion qui devait l’expulser du territoire. L’appareil a certes décollé, mais sans Kévin. Il a ensuite été libéré. Nous espérons le même sort pour Kamel.

NdPN2 : « Face à cette politique odieuse de l’Etat, quelle que soit sa couleur politique, il est stérile d’appeler les autorités à “plus d’humanité”. Il convient de comprendre les raisons structurelles de leurs “politiques d’immigration” qui discriminent par nature les migrants, de s’organiser et d’agir en conséquence. » cf notre dernier tract

Poitiers: les recours en expulsion de l’étudiant d’Auguste-Perret rejetés

Le tribunal administratif de Bordeaux a rejeté ce mardi, les recours en référé déposés par un étudiant en peinture du lycée Auguste-Perret d’origine camerounaise. Il est sous le coup d’une mesure d’expulsion lancée par la préfecture de la Vienne. L’avocate du jeune garçon va faire appel des décisions rendues.

source : lanouvellerepublique.fr, 14 octobre 2014

[Poitiers] Action directe contre cette conférence réactionnaire !

NdPN : On a reçu ce texte par mail. Comme on est plutôt d’accord avec, on le relaye.

Jeudi 16 octobre 2014 à 20 heures, à l’Hôtel Ibis de Poitiers-Sud (175 avenue du 8 Mai 1945), un collectif se faisant appeler « Le Cercle des Chats Bottés » a prévu d’organiser une conférence sur « la théorie du genre » et compte sur la présence de Béatrice Bourges, une ancienne membre de La Manif pour tous (qu’elle a co-fondé) et actuelle dirigeante du Printemps français.

Nous invitons à l’action contre la tenue de cette conférence.

D’abord parce que l’événement est organisé par un collectif clairement réactionnaire, « Le Cercle des Chats Bottés », lié au FN et à Riposte laïque, et qui organise régulièrement des conférences avec des figures de l’extrême-droite française telles que Pierre Cassen, un responsable de Riposte laïque, pour parler haine de l’islam entre amis ; Philippe Milliau, un ancien du FN, du MNR et du Bloc Identitaire ; et maintenant Béatrice Bourges.

Ensuite parce que l’utilisation du terme « théorie du genre » dénote encore d’une orientation réactionnaire. Le genre (ou la construction sociale des rôles associés au sexe) n’est pas une « théorie », c’est un fait social, qui fait l’objet de recherches, est enseigné et étudié dans les disciplines des sciences sociales. Il n’existe pas de « théorie du genre », si ce n’est un épouvantail agité par les cercles d’extrême-droite qui combattent depuis deux ans les évolutions de la politique familiale française. Utiliser ce terme illustre l’inspiration profondément antiféministe qui les anime.

En effet, nier le genre, c’est nier qu’il y a des différences entre les sexes qui sont construites socialement. C’est prétendre qu’elles sont naturelles pour empêcher leur remise en cause. C’est s’opposer aux acquis passés et futurs des luttes féministes.

Or, nous sommes des révolutionnaires et nous considérons qu’il ne peut y avoir de révolution sociale sans libération des femmes (et vice versa). À ce titre, l’extrême-droite est pour nous bien plus qu’un pantin médiatique qu’on agite pour faire peur. C’est un obstacle de plus à notre émancipation. Nous voulons lui signifier que son existence n’est pas souhaitée. À Poitiers et ailleurs.

C’est pourquoi nous invitons tous les collectifs et individus, révolutionnaires et/ou progressistes à s’organiser pour que cette conférence n’ait pas lieu.

Dans le cadre de cette invitation, il nous semble inapproprié de vous dicter une conduite à tenir. Toutefois nous vous prions, et ce, que vous agissiez de façon légale ou non, de respecter les autres manières de faire. Nous ne voulons pas brider votre créativité. Mais si vous êtes à court d’idées, voici quelques actions que vous pouvez entreprendre :

Avant la conférence :

– Appeler l’un des organisateurs, Jacques Soulis (0603273711), pour lui conseiller d’annuler la conférence*
– Appeler l’Hôtel Ibis Poitiers-Sud (0549531313), pour leur conseiller d’annuler la conférence*
– Appeler le commissariat de Poitiers (0549606000), pour leur dire que la sécurité de cette conférence est compromise*
– Relayer cet appel, ou en faire un autre sur vos bases
– Organiser un rassemblement devant le lieu où doit se tenir la conférence
– Organiser une manifestation en direction du lieu où doit se tenir la conférence
– Essayer de bloquer l’accès au lieu de la conférence

*Pour ces actions, nous vous conseillons d’appeler d’une cabine avec une carte téléphonique payée en liquide.

Pendant la conférence (si elle se tient malgré tout) :

– Faire irruption dans le lieu de la conférence
– Faire un rassemblement devant le lieu de la conférence, ou ailleurs
– Faire une manifestation commençant ou se terminant au lieu de la conférence, ou ailleurs

Après la conférence (si elle se tient malgré tout) :

– S’organiser (même juste un peu) pour qu’émerge un mouvement social insurrectionnel émancipateur

À vous de jouer !

source : Indymedia Nantes, 14 octobre 2014

La France, championne des drones policiers

Des sous, y’en a pour la répression : la France, championne des drones policiers

Le ministre de l’Intérieur vient d’annoncer un plan d’équipement massif grâce aux expérimentations menées par la préfecture de police de Paris.

JPEG - 133.8 ko

Les supporters du Créteil Lusitanos n’ont pas dû trop réagir. L’annonce de leur utilisation comme cobayes des drones policiers de la préfecture de police de Paris avait suscité peu d’intérêt. Mais le ministre de l’Intérieur Cazeneuve n’en a semble-t-il pas perdu une miette. Cette première expérimentation publique en France, il l’a suivie avec soin. A tel point qu’il a décidé cette semaine d’annoncer un plan d’équipement d’une ampleur jamais vue en terme de maintien de l’ordre.

Pour la bagatelle de 108 millions d’€, la police nationale et la gendarmerie française vont se doter des gadgets technologiques qui font rêver tous les poulets du monde entier. Des drones policiers, en particulier.

C’est à Saint-Astier, en Dordogne, le centre d’entraînement grandeur nature des forces répressives en France, que le ministre a posé sa déclaration. Levant ainsi le voile sur les robots qui doivent nous survoler demain :

Lors de ces exercices, un engin volant a survolé la zone des affrontements. Depuis plusieurs mois, le centre de Saint-Astier expérimente l’usage de drones dans le cadre du maintien de l’ordre public. Trois drones sont en test, ils peuvent voler jusqu’à 3 000 m et disposent de 30 minutes à 2 heures d’autonomie.

108 millions d’€, c’est une somme qui parle peu. A titre de comparaison, c’est proche du montant que l’Etat français a déboursé, entre 2007 et 2013, pour aider les communes françaises (hors Paris) à se doter de vidéosurveillance : 133 millions d’€.

Mais, en terme de matériel, l’Etat semble dépenser beaucoup plus pour mater que pour taper. C’est ainsi à peu près 21 fois le budget d’équipement de toute la maison poulaga en Taser. Et face aux dépenses en LBD et autres joujoux lanceurs de flashballs défigurantes, la somme est monstrueuse :

En 2010, l’État français a ainsi acquis cinq cents LBD 40, pour un montant d’un peu moins d’un million d’euros ; la même somme a été consacrée à l’acquisition de munitions pour les lanceurs de balle de défense. Des investissements en nette progression : un million d’euros, c’était peu ou prou le montant consacré à l’achat de 1 270 flash-balls de 2002 à 2005 – un budget alors étalé sur trois ans

Ce plan massif est sans précédent (à notre connaissance) parmi les polices du monde entier en terme de drones policiers, leur grand fantasme ces dernières années (sans parler des délires de Dubaï avec ses Google Glass et leur reconnaissance faciale, ou leur lecture sur les lèvres).

La défaite des flics à Notre-Dame-des-Landes ou le souvenir cuisant des émeutes de 2005 n’y sont peut-être pas pour rien. Mais avec cette annonce de Cazeneuve, les condés peuvent se rassurer. Dans le domaine de la répression, pas de souci : notre pays est à la pointe. La préfecture de police de Paris, son champion. Et les start-up parisiennes chères à Hidalgo, leur avant-garde.

Au moment des émeutes de Ferguson, les médias français ont dénoncé la militarisation des polices locales américaines. Pourtant, la flicaille française n’a pas à rougir. Et la presse nationale s’en lave les mains.

Depuis quelques années, le « maintien de l’ordre » français s’est en effet considérablement équipé comme le montre cet inventaire récent des armes anti-émeutes publié par Vice. Une preuve de l’imminence de la guerre civile clameront les plus optimistes. La réalité d’une répression toujours plus puissante s’alarmeront les autres.

JPEG - 70 ko
Nantes, manifestation NDDL : le GIPN et le LBD
Photo d’Yves Monteil, extraite d’un très bon article sur la répression à Nantes et l’usage des armes de tir.

Ces plans d’équipement ne peuvent se faire sans le silence complice de la population. Dans le cas de l’accoutumance aux drones, on a pu mesurer l’efficacité de la promotion des derniers gadgets technologiques. Cela, grâce à des utilisations « civiles » particulièrement encouragées et mises en valeur ces dernières années en France, dans la presse, l’agriculture ou la photographie. Une « filière » en réalité particulièrement soutenue par l’industrie militaire :

« Lorsque nous avons lancé notre prototype en 2008, il y avait des opportunité dans le génie civil, sur l’inspection de barrages, mais ça n’a jamais décollé », se rappelle Christian Brunel, fondateur d’Infotron, un fabricant de drones. Alors, quand l’opportunité de travailler avec la Direction générale de l’armement (DGA) s’est présentée, la start-up francilienne n’a pas hésité.

À la clé, un contrat de plusieurs millions d’euros pour développer un drone militaire. « Il a fallu embaucher, s’adapter aux normes, ce fut dur mais on y est arrivé », se souvient-il. Cinq ans plus tard, le bilan est positif : des contrats qui pérennisent la société, de nouveaux projets sont lancés avec la DGA et la PME vient d’être rachetée par un leader du marché de la sécurité militaire.

La frontière entre le civil et le répressif n’existe pas au sujet des drones comme le rappelait La Rotative, en mai. Un article s’énervait à l’annonce de la présence d’un robot au-dessus des têtes des festivaliers lors d’un événement « alternatif ». Il citait pour l’occasion un haut gradé de l’armée française :

La présence de drones en France est importante pour poursuivre « l’acculturation […] des populations au fait dronique »

Pour preuve, le gentil photographe aérien qui pilotait le drone du festival Aucard était en réalité expert en essaim de drones. Ce dispositif « innovant » a été mis en place par l’armée française et testé grâce à des écoles d’ingénieurs. Tant qu’à faire, autant avoir une armée de robots gérée par une seule personne. Les flics ne comptent pas en effet en rester au stade du jouet téléguidé.

A nous de montrer qu’on n’est encore pas accoutumés à voir voler des robots au-dessus de nos têtes. Aussi « funs » soient-ils, les entreprises de sécurité ou la police en perçoivent immédiatement des applications répressives.

Aux Etats-Unis notamment, de nombreuses mobilisations ont lieu contre les drones. Militaires d’abord, suite aux atrocités commises en Afghanistan. Mais désormais, ce sont les drones policiers qui sont visés par des campagnes, comme à Seattle ou à Los Angeles.

JPEG - 583.2 ko
Mobilisation à Los Angeles contre les drones policiers

En France, la lutte contre le « fait dronique » n’a que trop tardé, Cazeneuve en a profité. Les habitants de Paris et sa petite couronne seront apparemment les premiers à voir ces engins voler au-dessus de leur tête. Espérons qu’ils seront aussi les premiers à dégainer.

a., Paris-Luttes, 11 octobre 2014