[Poitiers] Manifestation le 2 avril en soutien à J-F Chazerans

Manifestation le 2 avril en soutien à J-F Chazerans

Par l’intersyndicale du lycée Victor Hugo de Poitiers

Pour la levée de la mutation d’office de notre collègue et sa réintégration dans ses fonctions d’enseignant de philosophie au lycée Victor Hugo de Poitiers.

Contre les décisions arbitraires sanctionnant sur la base d’un courrier au contenu reconnu sans fondement.

Pour exprimer notre perte totale de confiance envers notre hiérarchie et notre inquiétude de savoir chacun-e de nous à la merci d’un tel courrier.

Nous, enseignant-es du lycée Victor Hugo, réuni-es en AG ce jour, appelons à un rassemblement place de la mairie, le jeudi 2 avril à partir de 18h et invitons le plus grand nombre à nous rejoindre !

L’intersyndicale du lycée Victor Hugo, le 30/03/15

Vu sur le site du NPA86

 

[Poitiers] Jean-François muté par le recteur

NdPN : s’il y avait vraiment un problème avec ce professeur, ce que l’enquête judiciaire a dénié, pourquoi le placer dans un autre établissement, plus loin, alleurs ? Nous devinons très bien ce que vise une telle décision, vu l’acharnement des autorités PS locales contre les militants des droits sociaux, dont Jean-François fait partie : il s’agit non seulement de briser un homme, mais aussi des liens de lutte et de solidarité. C’est ce qu’on verra.

Jean-François Chazerans muté à Thouars par le recteur

Poitiers. Le prof de philo a fait l’objet de la plus sévère sanction applicable par l’académie : une mutation d’office. Elle est vécue comme une humiliation.

Il pouvait encore s’accommoder d’une mise à pied, admettre une enquête pénale ou supporter huit heures de garde à vue (lire repères). Mais la sanction disciplinaire de l’Éducation nationale, sa maison depuis quarante ans, c’est le coup de grâce pour Jean-François Chazerans. Le professeur de philosophie au lycée Victor-Hugo, à Poitiers, suspecté d’avoir « tenu des propos inadéquats en classe », après l’attentat de Charlie Hebdo, s’est vu « infliger », c’est le terme, hier par courrier, un « déplacement d’office dans la zone de remplacement des Deux-Sèvres ».

«  Cette décision est scandaleuse  »

Il serait rattaché au lycée Jean-Moulin de Thouars. Il s’agit de la plus forte sanction disponible dans l’échelle de valeur disciplinaire du recteur d’académie, Jacques Moret. Au-delà, la décision est du ressort du ministre. Parmi les arguments développés pour justifier cette décision, le rectorat a estimé que « les agissements de ce professeur ont porté atteinte non seulement à l’image de la fonction enseignante mais à celle du service public de l’Éducation nationale. »
« Je suis atterré. C’est de l’acharnement, de la brimade, a confié Jean-François Chazerans, très affecté. Depuis le début, c’est ça. C’est compliqué pour moi d’en parler. Ce n’est pas digne de l’Éducation nationale. Surtout concernant un dossier vide, où on me reproche d’avoir fait des cours de philo. » Son conseil, l’avocat Amaury Auzou, a prévenu : « Jusqu’à présent, on s’est peu défendu. Maintenant, on va attaquer. Cette décision est scandaleuse, je suis en colère. La décision est aussi bien motivée que l’enquête administrative a été faite. Elle veut dire qu’on peut tenir des propos inadéquats mais pas au lycée Victor-Hugo. On marche sur la tête et ça n’a aucun sens. C’était ou rien ou tout. A un moment donné, pour le recteur, ce n’était plus l’affaire Chazerans mais une affaire de crédibilité. »
Le rectorat n’a pas souhaité faire de commentaire. Quant à Jean-François Chazerans et son avocat, ils entament un nouveau combat. Médiatique, d’abord, avec une conférence de presse programmée au Café des arts à Poitiers cet après-midi. Administrative ensuite avec un recours hiérarchique auprès du ministre de l’Éducation nationale et un autre au tribunal administratif. Même si la sanction prend effet dès maintenant.

repères

Mis à pied quatre mois, placé en garde à vue, blanchi… puis muté

L’affaire, si tant est qu’on puisse en parler ainsi, débute le 19 janvier dernier. Jean-François Chazerans, professeur de philosophie au lycée Victor-Hugo, à Poitiers, est interrogé par deux inspecteurs d’académie. On lui reproche « des propos déplacés pendant la minute de silence » du 8 janvier, celle qui avait été décrétée en hommage aux victimes de Charlie Hebdo. Deux jours plus tard, le prof est suspendu de ses fonctions à titre conservatoire pour une durée de quatre mois. « Il fallait l’éloigner de ses élèves », estime alors le recteur, Jacques Moret, qui porte le dossier au pénal pour une suspicion d’apologie d’actes de terrorisme.
L’affaire suscite de vives réactions dans la société civile. Un comité de soutien au professeur rassemble 200 manifestants le 28 janvier, place Leclerc. Dans le même temps, le prof est convoqué devant la commission administrative paritaire d’académie, dans sa version conseil de discipline, le 13 mars pour le motif suivant : « Propos inadéquats tenus en classe. » Le 26 février, Jean-François Chazerans est placé en garde à vue par la police judiciaire dans le cadre d’une enquête ouverte par le procureur de la République. Il y passera huit heures. Le lendemain, l’enquête pénale est classée sans suite. Jean-François Chazerans est soulagé. Pas pour longtemps.

Xavier Benoit, Nouvelle République, 28 mars 2015
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Mise à jour : nouvel article de la Nouvelle République le 29 mars 2015 :

Muté d’office dans les Deux-Sèvres et rattaché au lycée Jean-Moulin de Thouars, le prof de philo poitevin va faire un recours auprès de la ministre.

Cela ressemble à une blague de potache : allez à Thouars, c’est aléatoire. Jean-François Chazerans, muté d’office sur décision du recteur dans le lycée thouarsais Jean-Moulin, n’avait pourtant pas envie de rire, hier. « C’était très compliqué à l’annonce de la sanction », explique le prof de philo du lycée Victor-Hugo de Poitiers, blanchi par la justice de la suspicion d’apologie d’actes de terrorisme. « C’est lourd quand même. C’est de l’acharnement. Au bout d’un moment il faut que cela s’arrête. »

L’ancien rugbyman contre attaque : « Je vais faire un recours hiérarchique auprès de la ministre et un recours contentieux devant le tribunal administratif. Et je n’exclus pas d’engager des poursuites pénales… »

«  Comme des chiens  »

Les collègues sont là. En soutien. Magali Espinasse, du SNES-FSU, explique la situation de son collègue et en tire des conclusions alarmantes : « Pour l’instant, Jean-François est simplement rattaché au lycée de Thouars. Il va prendre contact avec le chef d’établissement de ce lycée, lundi, pour savoir si celui-ci lui fait un emploi du temps ou pas. Sinon, il doit être affecté en suppléance par le rectorat. Aujourd’hui, cette sanction est scandaleuse et disproportionnée. Jean-François est accusé par une élève et sa mère. Il fait l’objet d’une dénonciation calomnieuse, l’enquête de police l’a montré. Le recteur a l’obligation de protéger le fonctionnaire. Il a fait l’inverse. Il s’est acharné dans sa position de départ. Je le dis avec émotion : à partir de maintenant on est tous menacés dans cette académie. On va tous se demander si on va encore parler à nos élèves. »
Et la syndicaliste de revenir à ce fameux débat organisé dans le cours de philo d’une classe de terminale le 8 janvier dernier : « Ce cours s’est passé à un moment bien particulier. On a tous été en tant qu’enseignant en difficulté ce jour-là. On était dans un climat émotionnel très fort. Le travail du professeur est de passer à l’analyse pour franchir ce cap de l’émotion. »
Jean-François Chazerans y revient dans le détail : « Je vous rappelle qu’on était en pleine traque des frères Kouachi. Certains de mes élèves disaient qu’il fallait les abattre comme des chiens. Ils voulaient en débattre. Ce fut vif mais en aucun cas violent. L’élève qui m’accuse n’a pas compris ce que j’ai déclaré à ce moment-là. Elle a d’ailleurs demandé à sa copine ce que cela voulait dire. Et après, elle n’a pas écouté. Elle est même arrivée en retard pour la deuxième heure de cours. Mon chef d’établissement elle-même s’était étonnée que j’aie pu tenir un tel propos. Elle l’a dit dans sa déposition à la police. Aujourd’hui, qu’est-ce qui reste dans le dossier ? Rien. Dès l’enquête administrative, le recteur savait que je n’avais pas dit : «  Ces crapules de Charlie Hebdo ont mérité ce qu’ils ont eu.  » J’ai toujours dénoncé avec force ces assassinats. C’est écrit noir sur blanc dans le rapport. »
La sanction qui frappe Jean-François Chazerans est la plus forte à disposition du recteur. Seule la ministre, qui a le pouvoir de la lever, peut aller au-delà.

Voir la vidéo sur : lanouvellerepublique.fr et centre-presse.fr

la phrase

 » Incompréhension, stupéfaction, interrogation, indignation, colère, mais en aucun cas résignation ! « 

« Nous, enseignant(e)s du lycée Victor-Hugo, sommes, à l’annonce de cette sanction, atterré(e)s, dans l’incompréhension la plus totale, indigné(e)s, en colère… »  écrit l’intersyndicale du lycée Victor-Hugo de Poitiers dans un communiqué publié, hier, en soutien à Jean-François Chazerans. « Notre indignation et notre colère liées à l’impression partagée par la très grande majorité d’entre-nous d’une sanction-brimade arbitraire dénuée de tout fondement, se double aujourd’hui d’une perte totale de confiance envers notre administration. Nous nous adressons aujourd’hui à Madame la ministre pour demander la levée de la sanction prononcée et la réintégration de notre collègue. Nous tiendrons une assemblée générale au lycée, dès lundi, pour décider de la suite de notre mobilisation. »

Loïc Lejay, Nouvelle République, 29 mars 2015

[Taule de Poitiers-Vivonne] L’étau se resserre autour des prisonnier.e.s

Parloir « coquin » à Vivonne : la sanction maintenue

ape-mini-1Le juge des référés du tribunal administratif a rejeté la requête en suspension déposée par un détenu de la maison d’arrêt de Vivonne, sanctionné de dix jours cellule avec sursis [la NR veut certainement dire ici que le prisonnier a été condamné par le prétoire, le tribunal interne de la prison, à dix jours de cellule disciplinaire (mitard) avec sursis ; NdPN] et suppression de 60 jours de parloir avec son épouse pour atteinte à l’hygiène et obscénité.

L’administration accuse le couple d’avoir profité d’un parloir en tête à tête pour avoir une relation sexuelle, ce que les intéressés nient farouchement. L’accusation repose entièrement sur le rapport rédigé par un surveillant, faute d’autres témoignages. Les vidéos de surveillance qui auraient permis de recouper les faits ont été effacées.

Le juge a néanmoins refusé de suspendre la sanction, estimant que le rapport d’un surveillant en matière de discipline suffit à caractériser la réalité des faits reprochés.

Presse de la matonnerie, lanouvellerepublique.fr, 27 mars 2015

La fin des parloirs sauvages au palais de justice

Un petit bisou discret, une dernière étreinte avant le grand départ ou une cigarette glissée par un proche à un détenu de passage au palais de justice, c’est une tolérance établie. Tant que tout le monde joue le jeu gentiment, policiers et gendarmes laissent faire. Ça met de l’huile dans les rouages, ça apaise à peu de frais. Mais, depuis jeudi, c’en est fini de cette pratique considérée comme un parloir sauvage. Deux magistrats ont assisté, jeudi, à la faveur du passage d’un prévenu à l’audience correctionnelle à une scène de ce type. Une escorte de gendarmes avait notamment accepté qu’une cigarette soit transmise à un détenu. Ils risquent de se faire taper sur les doigts. De ce fait, désormais, la tolérance est abolie. Au grand dam, vendredi, de deux jeunes garçons jugés en comparution immédaite et que les gendarmes ont dû calmer en faisant appel à leurs avocats pour leur expliquer la situation.

Presse pénitentiaire, lanouvellerepublique.fr, 19 mars 2015

[Poitiers] De la condamnation du tag par la justice locale

Pour rappel, un A cerclé dessiné sur une porte au marqueur, effacé dès le lendemain et sans dépôt de plainte, avait valu le 15 janvier 2010 à son auteur présumé, un étudiant aux idées anti-autoritaires, 2 mois de prison avec sursis et 300 euros d’amende. En appel, la prison avec sursis avait été commuée en 40 heures de « travaux d’intérêt général », rien que ça.

Il y a cinq jours, un militant syndicaliste avait fait appel de sa condamnation pour avoir relayé, sur un blog libertaire, une vidéo-montage (aux auteurs inconnus et datant de deux ans), montrant un tag contre le chef de la police locale, dont il n’était pas l’auteur. Cette vidéo faisait suite à la vague de répression policière qui avait frappé nombre de militants libertaires à Poitiers en 2009. La cour d’appel a confirmé la condamnation à 300 euros d’amende, jugeant que pour avoir relayé une vidéo montrant ce tag, ce militant était « pénalement responsable ».

Or voilà qu’hier, la justice a condamné un autre tagueur… aux idées tout à fait différentes. Ce gérant de société de location de matériel avait peint le mur d’une mosquée d’un message raciste. La mosquée avait porté plainte (1). Le message du tag peint par le gérant de société était le suivant : « Mort aux Arabes, les Français sont en guerre, honte à votre peuple ». Le tag se doublait donc d’une incitation à la haine raciale. Condamnation : 2 mois de sursis et 200 euros d’amende. Il a par ailleurs été relaxé pour l’accusation de conduite en état d’ivresse au bénéfice du doute.

On comparera la teneur des tags incriminés, les condamnations respectives par la justice locale… et on en tirera les conclusions qu’on voudra.

(1) La mosquée de Poitiers avait déjà été ciblée par plusieurs actes racistes. Dont une occupation par des militants de Génération identitaire en appelant à la bataille de Poitiers de 732 et à Charles Martel. Notons que cette organisation continue par ailleurs de diffuser localement sur Poitiers, par voie d’autocollants et internet, des messages racistes, sans être manifestement inquiétée par la police et la justice pour cela.

Pavillon Noir, 25 mars 2015

 

« Prévention des violences collectives pouvant porter gravement atteinte à la paix publique »

NdPN : vu le flou juridique autour de la notion de « trouble à l’ordre public », le projet de loi « antiterroriste » annoncé par le gouvernement pourrait  clairement donner un cadre légal à l’espionnage de militants susceptibles de participer à des manifs par les services de renseignement, sans même le contrôle des juges.

Le magistrat craint que des « pouvoirs exorbitants » soient offerts aux services de renseignement français, dans des domaines bien plus larges que la seule lutte antiterroriste. Le tout sans contrôle des juges judiciaires.

Interrogé par L’Express jeudi, le juge antiterroriste Marc Trévidic exprime de vives réserves quant au « projet de loi sur le renseignement« , présenté ce même jour au conseil des ministres.

Le magistrat s’étonne du glissement sémantique qui, dans les médias, limite selon lui les nouvelles dispositions à une législation antiterroriste. « Je comprendrais que la situation actuelle sur ce front nécessite un accroissement du pouvoir des services de renseignement, concède-t-il, mais le projet de loi s’applique à des domaines beaucoup plus vastes. Des domaines qui répondent à des notions particulièrement vagues… »

Sept domaines allant du terrorisme aux violences collectives

Le texte proposé par le gouvernement prévoit le possible recours à des logiciels espions, à des appareils de géolocalisation ou encore à des « capteurs de proximité » pour les téléphones mobiles dans sept secteurs: défense nationale, intérêts de la politique étrangère, intérêts économiques ou scientifiques majeurs, prévention du terrorisme, prévention de la criminalité organisée, prévention de la prolifération des armes de destruction massive, prévention des violences collectives pouvant porter gravement atteinte à la paix publique. Autrement dit, l’ensemble des champs couverts aujourd’hui sur le territoire national et à l’étranger par les agents français, qu’ils dépendent des ministères de la Défense, de l’Intérieur ou de l’Economie et des Finances.

Marc Trévidic craint que le gouvernement et les six services composant la communauté du renseignement n’aient « profité de l’émotion suscitée par les événements du 7 janvier [date de l’attentat contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo, ndlr] », évoquant de possibles « dérives » à l’avenir. « Ces pouvoirs exorbitants se feront sans contrôle judiciaire, insiste-t-il. Ne mentons pas aux Français en présentant ce projet comme une loi antiterroriste. Il ouvre la voie à la généralisation de méthodes intrusives, hors du contrôle des juges judiciaires, pourtant garants des libertés individuelles dans notre pays. »

Vu sur le site de L’Express, 19 mars 2015