[Chasseneuil-du-Poitou] Les salarié.e.s d’Itron face au chantage de la répression

NdPN : au-delà de la nature de la production fort discutable de cette entreprise, on voit bien toute l’hypocrisie d’un gouvernement qui d’un côté déplore les licenciements en la personne du premier ministre, et de l’autre tolère que gendarmerie et justice intimident les grévistes dès qu’ils.elles engagent un véritable rapport de force.

Les grévistes d’Itron ne fléchissent pas

Les salariés grévistes d’Itron, à Chasseneuil-du-Poitou, sont sur le piquet de grève depuis mercredi dernier, mais jusqu’à quand ? Telle est la question.

Le long des grilles de l’usine Itron, avenue des Temps-Modernes, les revendications des salariés grévistes sont clairement affichées. Devant l’entrée principale, les ballets des camions ont cessé depuis une semaine. Jour et nuit, les grévistes bloquent les entrées et les sorties des produits. Tente et caravane ont été installées. L’ambiance est plutôt joviale. Mais les grévistes sont sur le pied de guerre. Déterminés.

«  On continuera le blocage aussi longtemps que l’on pourra  »

Hier, la 7e journée de grève était plus importante que les autres. Une vingtaine de grévistes se sont rendus à Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine, pour entamer des négociations avec la direction. Les salariés présents à Chasseneuil-du-Poitou attendaient « une bonne nouvelle ». Mais ils avaient peu d’espoirs. Depuis plusieurs jours, direction et grévistes restent campés sur leurs positions. Lundi, un premier avertissement a été lancé. Onze salariés ont été assignés en référé par la direction et comparaissent ce matin devant le tribunal de Poitiers. Le juge pourrait exiger la levée immédiate du blocage du site.

Le ton continue de monter

Une raison de venir moins nombreux ? « Sûrement pas ! » Certains salariés sont en vacances, mais ils viennent quand même, armés de leur sourire. « On continuera le blocage aussi longtemps que l’on pourra. » Pourquoi ? Pour sauver les 109 emplois menacés par le plan de restructuration. Le soutien affiché par le Premier ministre, Manuel Valls, « ne suffit pas ». « Il nous a cités dans son discours, lundi à Poitiers, sourit l’un d’entre eux. C’est déjà très bien, mais c’est toujours la même chose. Même si les politiques disent ne pas comprendre la position de la direction, rien ne change. »
En milieu de journée, la direction a proposé aux grévistes de retirer son assignation s’ils s’engageaient à arrêter leur grève. « Nous avons, bien sûr, refusé ce chantage », souligne Bruno Richard, secrétaire syndical CGT d’Itron. Les conséquences ont été immédiates. Un huissier, escorté de plusieurs gendarmes, a obligé la sortie d’une palette de 50 compteurs. Le message envoyé a été reçu par les salariés : « Si le ton monte d’un cran d’un côté, il montera de l’autre. On n’a rien sans rien ! »

repères

Au siège d’Itron, les négociations sont bloquées. « Après l’exposition de notre plan alternatif, la direction a posé un ultimatum, explique Odile Valko, une des représentantes des salariés. Tant qu’il y a le blocage, il n’y a pas de négociations. » Elles devraient reprendre jeudi.

Alix Demaison, Nouvelle République, 6 mai 2015