Mort à Sivens, matraqués à Poitiers : luttons contre les violences d’Etat

Mort à Sivens, matraqués à Poitiers : luttons contre les violences d’Etat

Dans la nuit du 26 au 27 octobre 2014, Rémi Fraisse, 21 ans, a été tué par les gendarmes mobiles, la partie supérieure du dos arrachée par une grenade militaire.

Cet événement horrible fait suite à plus de 2 mois d’affrontements sur la zone du barrage de Sivens, 2 mois de violences et harcèlement par les « forces de l’ordre » : tirs de flashball à bout portant, tirs tendus de grenades, destruction des effets personnels…

II fait suite à une longue liste de mutilations causées par les armes prétendument « non létales » : à Nantes, le 22 février 2014, 3 manifestants ont perdu un œil par tirs de flashball.

Rémi est aussi la sixième personne tuée par la police en France cette année.

Non seulement l’Etat a permis la mort d’un jeune homme, mais encore il poursuit aujourd’hui ses provocations dans le déni et la criminalisation des manifestants.

A Poitiers, une manifestation en mémoire de Rémi a eu lieu jeudi 30 octobre. Sans aucune explication, la police poitevine a chargé et matraqué les manifestants, encerclés sur un trottoir du boulevard Chasseigne. Trois manifestants ont alors été arrêtés : ils ont passé 24 heures en garde à vue. Deux d’entre eux sont inculpés pour violences et outrage.

Depuis plusieurs années, le droit de manifester est régulièrement entravé à Poitiers, certains militants sont harcelés. Il est de notoriété que l’utilisation des « outrages » est aussi devenu une technique de répression.

A Sivens, Notre-Dame-des-Landes, Poitiers, comme dans les quartiers populaires, c’est le même système répressif qui frappe. C’est la logique d’un Etat pour qui le mépris et la violence militaire sont les seules réponses aux inégalités, aux mouvements sociaux, à tous ceux qui luttent et inventent aujourd’hui une autre manière de vivre.

Nous dénonçons les intimidations de la police à l’encontre des manifestants, et toutes les violences policières, à Poitiers, Sivens et partout ailleurs.

Nous appelons à une manifestation

le samedi 22 novembre

à Poitiers, place d’Armes, 14 heures

Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux, NPA 86, Comité poitevin contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et son monde, Ensemble, Organisation communiste libertaire, Pavillon noir, Les Amis de la Terre, Parti de Gauche.

 

Pour Rémi Fraisse et les autres. Pour nous.

NdPN : huit jours après la manif de jeudi 30 octobre à Poitiers en hommage à Rémi (tué par la gendarmerie pour s’être opposé comme tant d’autres à une énième opération de destruction capitaliste – aussi dite « d’aménagement du territoire »), une manif digne et sans la moindre « casse » où les flics se sont pourtant mis à serrer, gazer et frapper les manifestants, puis arrêter trois d’entre eux, dont deux seront poursuivis pour « outrage » et « violence », c’est le même constat partout : les gouvernants et leurs médias recourent à tous les moyens possibles pour briser la révolte, en mentant, en salissant, en intimidant, en interdisant l’expression, en tabassant, en mutilant et en condamnant. L’enjeu pour l’Etat est de nous imposer, par la manipulation verbale, la menace et la force, un état de fait : la destruction de nos espaces de vie aussi bien que de nos vies. Son petit masque « démocratique » est depuis longtemps fissuré, il est en train de tomber. Il convient d’en prendre acte et de nous organiser en conséquence, parce que cette violence d’Etat nous concerne tou.te.s et que nous ne devons plus lui laisser le champ libre pour nous briser, au sens figuré comme au sens propre. Il s’agit de ne pas nous figer dans telle ou telle posture idéologique de non-violence ou de violence, mais de nous demander concrètement comment nous donner les moyens réels de lutter face à la répression policière assumée de l’Etat. Le texte suivant, trouvé sur le site « Face aux armes de la police », contribue à cette démarche, aussi le relayons-nous ici.

Pour Rémi Fraisse et les autres. Pour nous.

De la ZAD de NDDL à celle de Sivens en passant par la lutte anti-THT à Valognes ; de Montreuil à Blois jeudi 30 novembre, en passant par Montbéliard, Villiers, Clichy-sous-Bois, Bondy, Trappes, Villetaneuse, les Tarterêts, etc. Là où le drapeau républicain flotte encore dans ce qu’il faut bien appeler des colonies, à Mayotte et à la Réunion ; de manifestations en opérations militaires ; de mutilations en éborgnements – accumulations de gueules cassées, de pièces de métal qui se logent dans la chair, de tendons sanctionnés, de pieds et de mains arrachés, de vies détruites, de frères assassinés.

La police fait sa sale besogne, protéger un ordre absurde, suréquipée et disposant pour l’occasion de véritables armes de guerres. Il fallait que le pire arrive et l’étonnant c’est qu’il ne soit pas arrivé plus tôt. L’un d’entre nous, Rémi Fraisse, est mort pour avoir donné corps à une manière de percevoir le monde, pour s’être opposé en acte à l’avancée du désert quand il aurait été confortable de rester chez soi. Que la pensée soit autre chose qu’une affaire privée et sans conséquence, qu’elle appelle des gestes et qu’elle s’incarne dans une manière de vivre, voilà ce que ne pourra jamais entendre la bêtise d’un petit notable socialiste pour qui il est « un petit peu bête et absurde de mourir pour ses idées ».

Du côté du gouvernement, la mort d’un homme est un problème qui doit se gérer pour éviter les remous. En mentant d’abord et en occultant durablement les causes et les circonstances réelles de la mort. Les différentes versions savamment distillées suffiront à jeter le trouble. Il aurait été trouvé par la police qui a tenté de lui porter secours. L’explosion pourrait même venir du contenu de son sac à dos. Les problèmes de santé éventuels de la victime étant inconnus, il serait trop tôt pour se prononcer. Masquer donc le fait brut, obscène suivant : un stock considérable de grenades offensives et d’autres armes de guerre avait été amené dans des caisses et des fourgons pour cette occasion comme en d’autres. Ces armes ont été utilisées massivement comme prévu et un gendarme a balancé une de ces grenades militaires sur un manifestant totalement démuni et l’a tué sur le coup. « Mentez, il en restera toujours quelque chose » conseillait un certain Goebbels, expert en communication.

Envoyer ensuite sur le front médiatique un directeur général de la gendarmerie nationale et un directeur adjoint de la communication (ancien commandant de groupement du Tarn) pour justifier ce geste en établissant une symétrie entre les armes militaires des gendarmes suréquipés et les cailloux et quelques boucliers en carton des opposants. S’apitoyer alors sur le harcèlement subi par les gendarmes. Argument déjà utilisé par Valls pour la manif du 22 février à Nantes en mode cours de récré chez médiapart : « c’est pas nous qu’on a commencé, et nous aussi on a des blessés ». Reconnaître en fait qu’il y a un espace de l’affrontement au sein duquel cette vieille lune du monopole étatique de la violence légitime ne tient plus : ce qu’il y a, ce sont des forces qui s’opposent. Le tort de l’une est de se faire écraser par l’autre. A tout prendre, il faut reconnaitre plus d’honnêteté à ce Jean-Christophe Bertrand, directeur départemental de la sécurité publique de Loire-Atlantique, qui assume pleinement les trois yeux perdus ce 22 février 2014 et pour qui « ceux qui prennent le risque de s’en prendre aux forces de l’ordre s’exposent eux aussi à des dommages corporels ». Dont acte. Manifester c’est accepter le risque de se faire éborgner.

Décourager ensuite tous ceux qui trouvent cette mort odieuse et pourrait avoir l’envie de l’exprimer trop clairement. L’opération a déjà fait ses preuves en maintes occasions. Créer une distinction purement artificielle entre le citoyen-manifestant non-violent et le casseur ultra-violent. Assigner des rôles figés et définitifs quand, dans une manif ou un mouvement, les lignes ne cessent de bouger, quand une lutte est toujours une combinaison entre différentes manières de lutter. Agiter le fantasme du black-block en feignant de croire qu’il s’agit d’un groupe constitué et en faisant comme si on n’avait toujours pas compris que s’habiller en noir et se couvrir le visage pour une manif filmée sous toutes ses coutures constitue une tactique diffuse reposant sur un bon sens élémentaire assignable à aucun groupe particulier.

Le sujet-casseur imaginaire ainsi constitué, réprimer durement les manifestants réels. On aurait pu penser que la mort de Rémi allait retenir, un temps, la violence policière. Las, à Nantes les grenades interdites sont utilisées dès le début de la manif du 02 novembre et le flashball mutile encore. Cette fois-ci un homme y laisse son nez. Terroriser encore une fois, marquer les corps et les esprits, pour éviter que ne naisse un quelconque mouvement et que chacun reste chez soi. Interdire au besoin les manifestations comme à Paris le 2 novembre. Arrêter préventivement ceux qui voudraient s’y rendre malgré tout. Boucler un quartier pour empêcher que le rassemblement ne se tienne.

Pour que le peuple de gauche, ce fantôme du théâtre politique, ne s’y trompe pas, on prendra soin aussi de faire en sorte qu’aucun parti ou syndicat affilié n’appelle à des manifs ou rassemblements. Mieux : qu’ils appellent plutôt à ne pas manifester comme les verts ou l’ACIPA à Nantes le 1 novembre. La chose est entendue, pour la gauche on peut tuer un manifestant sans qu’il y ait matière à s’offusquer d’aucune manière.

On pourra alors se permettre l’infinie crapulerie qui consiste à faire la leçon en reprochant aux manifestants qui expriment leur colère un peu trop fort d’insulter la mémoire de Rémi. Le calme, contrairement à ce dont témoignent toutes les émeutes qui ont suivi un crime policier – de Rodney King à Bouna et Zyed, serait la seule manière d’honorer nos morts.

Pour aussi abjecte qu’elle soit, il faut reconnaître à cette opération une certaine efficacité jusqu’à maintenant. La mobilisation n’est pas à la hauteur de la situation et c’était bien là l’objectif recherché. Imaginer à quoi aurait ressemblé les jours qui viennent de passer si tous ceux qui ont tenus à dire leur colère se seraient tus permet de mesurer comment ce crime aurait pu passer, tranquillement. « La mort de Rémi Fraisse n’est pas une affaire d’État pour les français », assène un sondage. Nous qui sommes bien plus nombreux que les 1006 personnes interrogées, nous ne pleurerons pas cinq vitrines et trois abris-bus.

Si ce crime est odieux, il serait absolument faux d’en conclure qu’il relève d’une violence exceptionnelle. L’utilisation d’armes de guerres, les blessures et les mutilations irréversibles, la militarisation de la police est bien devenue la norme du maintien de l’ordre pour les luttes contre les infrastructures (THT, aéroport, barrage), les colères collectives dans les quartiers, les manifestations trop déterminées. Pas loin de trente personnes on perdu un œil ces dix dernières années. Daranka Gimo, une fillette de neuf ans souffre encore de graves séquelles après avoir été touché à la tempe. Le LBD, lanceur de balle de défense, avec lequel la police tire régulièrement sur nos têtes est une arme de première catégorie qui provoque de multiples séquelles irréversibles – fractures et micro-fractures, enfoncements, éclatement du globe oculaire, etc. Dans un rapport, un médecin présent lors des journées du 22-24 novembre 2012 à la ZAD parle de blessures inédites.A Sivens où le niveau de violence policière est extrême, les gendarmes se lâchent au point de lancer une grenade dans une caravane dans laquelle s’étaient réfugiés des occupants.
Ce à quoi nous avons affaire n’est pas une bavure comme le reconnait Cazeneuve, pas un dysfonctionnement mais une logique politique, une forme de gouvernement. La permanence de la possible destruction des corps comme moyen de contrôle.

Effet du flashball sur le crâne d'un jeune de 16 ans.

Par la mort encore. Régulière pour tous les Lakhamy, Moushin, Wissam, Amine, Lahoucine, etc. Une quinzaine chaque année. Balle dans le dos, défonçage en règle, technique du pliage. Pas de peine de mort mais un permis de tuer pour ces flics qui bénéficient toujours d’un non lieu ou d’une relaxe, si l’affaire n’est pas classée.

La situation est la suivante. Des années et des années que se machine une population qui s’accommode parfaitement que des hommes soient assassinées par la police dans les quartiers populaires. Dix ans qu’on accepte parfaitement que le flashball éborgne, mutile et terrorise. Avec la mort de Rémi, se profile un nouveau moment. Quiconque manifeste doit savoir qu’il peut mourir. Pas en Égypte, en Syrie, en Palestine ou en Chine. Ici. A Sivens, NDDL, Nantes, Paris et partout ailleurs.

La mort de Rémi nous commande de prendre la mesure de cette situation et de nous organiser en conséquence. Laisser le terrain libre à la police et à son monde, c’est assurer la généralisation des meurtres et des mutilations. Prendre au sérieux cette question suppose d’en finir avec ses illusions sur la police et la justice comme nous le rappelle Farid, le frère de Wissam. Le chemin peut être long mais il faut faire vite.

S’organiser en conséquence c’est prendre au sérieux la question de notre défense là où nos corps sont exposés. Les armes utilisées appellent la nécessité de se protéger. Il y a ici aussi un ensemble de savoirs et de moyens techniques à se réapproprier, à partager, à inventer.

C’est prendre au sérieux l’obstacle que constitue la police. Comment le défaire ? Là où d’autres manières de vivre viennent à exister comme à la ZAD, nous avons déjà réussi à mettre la police en échec – toutes les tentatives d’expulsion ont échoué. Détermination de la résistance, détermination de la reconstruction.

C’est refuser que le silence et le calme ne s’installent après la mort de l’un des nôtres. Des dizaines de manifestations et de rassemblements ont eu lieu dans de nombreuses villes malgré les efforts déployés par le pouvoir. Les lycéens appellent à des actions jeudi 6 novembre. Une manifestation le 22 novembre. Les initiatives et les propositions se multiplient comme celle-ci de la ZAD : « harceler et enquêter sur tous ceux qui fournissent la répression, collaborent avec elles, perturber tous les moyens techniques qui lui permettent de s’armer, de se déplacer, se ravitailler et plus encore. Concert de casseroles devant les commissariats et les gendarmeries, harcèlement verbal des patrouilles, recours juridiques contre les armes de la police, sabotages, c’est l’emploi simultané de tous ces moyens qui parviendra à faire mouvement ».

A nous d’élaborer une riposte à la hauteur de la situation.
Nous ne céderons pas à la peur. Pour Rémi. Pour nous. Nos luttes, nos mondes et nos amitiés.

Vu sur le site : « Face aux armes de la police »

[Poitiers] Répression policière de la manif de jeudi 30/10

Communiqué du Comité poitevin contre l’aéroport de NDDL et son monde, lundi 3 novembre 2014

Face à l’horreur de la mort de Rémi Fraisse, tué par les gendarmes mobiles, une manifestation en sa mémoire a eu lieu à Poitiers jeudi 30 octobre.

Elle est partie paisiblement du centre ville avant de descendre vers la porte de Paris via la gare.

La police a alors bloqué la chaussée, contraignant les manifestant.e.s à rejoindre le trottoir, et les filmant de très près. Quelques centaines de mètre plus loin, les voilà coincé.e.s sous les arcades du boulevard Chasseigne.

Sans raison et en quelques secondes, plusieurs policiers en civil foncent au milieu du groupe et matraquent. Un policier en uniforme donne des coups de pieds. Plusieurs personnes sont à terre, celles qui peuvent s’enfuient, d’autres subissent un contrôle d’identité. Trois manifestants sont arrêtés et passent 24 heures en garde à vue, deux
d’entre eux sont inculpés pour violences et outrage.

Le comité poitevin dénonce les intimidations de la police à l’encontre des manifestant.e.s, et toutes les violences policières, à Poitiers, Sivens et partout ailleurs.

Comité poitevin contre l’aéroport de NDDL et son monde, lundi 3 novembre 2014

[Poitiers] Un camarade tué au Testet : prochains RDV

UN CAMARADE TUÉ AU TESTET

30/10/2014, pl. Charles de Gaulle (« place du marché ») à Poitiers :

Rendez-vous dès 16h00, pour une discussion autour des ZAD et de la répression policière, puis à 18h00 pour une manifestation

Pendant la nuit de samedi à dimanche, un manifestant, Rémi, a été tué au cours des affrontements qui se sont déroulés lors du rassemblement contre le barrage de Sivens au Testet. Environ 7000 personnes ont convergé sur la ZAD du Testet après des mois d’attaques policières, de destruction de la zone humide et des habitats de celles et ceux qui la défendaient. En fin d’après midi puis plus tard dans la nuit, des dizaines de personnes s’en sont prises aux forces de l’ordre qui protégeaient le chantier. Elles souhaitaient ainsi marquer leur colère et retarder la reprise des travaux, initialement prévue pour lundi. Elles ont été repoussées à coups de flashballs, de grenades assourdissantes, de désencerclement et de gaz lacrymogènes. D’après les témoignages des camarades du Testet, la personne décédée se serait écroulée suite à des tirs de grenade puis aurait été emmenée par les forces de l’ordre. Le gouvernement comme après chaque « bavure » policière stigmatise les manifestant·e·s, et tente de diviser pour noyer le poisson. Mais il sait bien que, quoi qu’il fasse, cette mort aura des conséquences explosives.

Ce décès révoltant n’est malheureusement pas surprenant dans ce contexte. À Notre-Dame-des-Landes, au Testet et partout où nous nous opposons à leurs desseins, nous avons dû faire face au déploiement cru de la violence d’État. Si nous avons bien compris de notre coté que nous ne pouvions nous contenter de les regarder docilement détruire nos vies, eux ont démontré qu’ils ne nous feraient aucun cadeau. Pendant les mois d’expulsion de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, de nombreux·ses camarades ont été blessé·e·s gravement par des tirs de flasballs et grenades. Sur la seule manifestation du 22 février 2014 à Nantes, 3 personnes, visées à la tête par des flashballs ont perdu un œil. Depuis des semaines au Testet plusieurs personnes ont été blessées elles aussi et d’autres accidents tragiques ont été évités de justesse lorsque des opposant·e·s se sont fait·e·s déloger, notamment des cabanes qu’il·le·s avaient construites dans les arbres. Pourtant c’est bien, entre autre, parce que des milliers de personnes se sont opposées physiquement aux travaux, aux expulsions, à l’occupation policière de leurs lieux de vie que le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est aujourd’hui moribond, et que le barrage du Testet et ceux qui devaient lui succéder sont largement remis en question. C’est cet engagement en acte qui a donné une puissance contagieuse à ces luttes et qui menace partout aujourd’hui l’aménagement marchand du territoire.

Plus quotidiennement la répression s’exerce face à celles et ceux qui luttent dans les prisons, dans les quartiers et dans les centres de rétention et entraîne là aussi son lot de morts trop souvent oubliées, plusieurs dizaines chaque année. Face aux soulèvements et insoumissions, la démocratie libérale montre qu’elle ne tient pas seulement par la domestication minutieuse des individus et des espaces de vie, ou par les dominations économiques et sociales, mais aussi par un usage déterminé de la terreur.

Nous appelons à occuper les rues et lieux de pouvoir partout, pour marquer notre tristesse, saluer la mémoire du camarade tué ce samedi et pour exprimer notre colère face à la violence d’État. Nous ne les laisserons pas nous tuer avec leurs armes dites « non létales ». Réagissons avec force pour qu’il y ait un avant et un après cette mort. Affirmons plus fort que jamais notre solidarité avec tou·te·s celles et ceux qui luttent au Testet et ailleurs contre leurs projets guidés par les logiques de contrôle et de profit, mais aussi avec tou·te·s celles et ceux qui tombent plus silencieusement sous les coups de la répression partout ailleurs. Nous ne nous laisserons ni diviser ni paralyser par la peur. Nous continuerons à vivre et lutter sur les espaces qu’ils rêvent d’anéantir, et à leur faire obstacle.

Nous ne laisserons pas le silence retomber, nous n’oublierons pas !

28 octobre 2014, des membres du comité poitevin contre l’aéroport de NDDL et son monde, nonaeroportnddl86 [arrobase] riseup.net

source : Démosphère Poitiers, 28 octobre 2014

Drame de Sivens : « Il ne s’agit pas d’une bavure » selon Cazeneuve

NdPN : Une fois n’est pas coutume, nous sommes d’accord avec Monsieur le ministre de la répression : le meurtre de Rémi par les milices de la république bourgeoise n’est effectivement pas une « bavure », mais bien la conséquence des stratégies de maintien de l’ordre. Si depuis quelques années, les classes dominantes permettent à leurs polices de nous tirer dessus, tuant et mutilant en toute impunité, c’est parce qu’elles pensent qu’elles n’auront pas à faire face à des mouvements massifs de colère. Elles nous voudraient neutralisé.e.s par l’omniprésence policière, par le spectre de la prison, par le matraquage médiatique, par les sermons moralisateurs du clergé non-violent… Mais merde, nous ne sommes pas des esclaves, nous sommes de la dynamite ! Construisons le rapport de force et détruisons ce qui nous détruit.

Alors que l’enquête sur la mort du manifestant Rémi Fraisse au barrage de Sivens progresse, la thèse d’une grenade offensive des gendarmes à l’origine de l’explosion mortelle se renforce. Après l’annonce par le procureur d’Albi de la découverte de traces de TNT – l’explosif utilisé dans ces projectiles de la gendarmerie – sur les vêtements de Rémi Fraisse, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé mardi 28 octobre la suspension de l’utilisation des grenades offensives.

« Il ne s’agit pas d’une bavure », a toutefois asséné le ministre, invité de l’émission « Preuves par trois » Public Sénat/AFP/Dailymotion. « On ne peut pas présenter les choses ainsi », a-t-il répété. En parallèle de l’enquête menée sur la mort de Rémi Fraisse, Bernard Cazeneuve a toutefois annoncé qu’une enquête administrative avait été demandée par son ministère sur les conditions d’utilisation de ces grenades offensives, dont les conclusions devraient être connues d’ici à quinze jours.

« UN BON EFFET DE SOUFFLE »

Dans des affrontements avec les manifestants comme ce fut le cas ce weekend dans le Tarn, les gendarmes et policiers emploient – outre les grenades lacrymogènes – deux types de grenades : celles dites de « désencerclement » ou « assourdissantes » , et celles dites « offensives ».

Les premières contiennent de petites billes en plastique qui éclatent de façon fragmentée au moment de l’explosion, et « peuvent éventuellement blesser très légèrement, mais c’est très rare », selon une source policière travaillant dans le maintien de l’ordre. Les secondes sont en revanche plus puissantes. « Cela provoque un bon effet de souffle et pas mal de bruit », explique une source sécuritaire.

Ce genre de grenade peut provoquer parfois de graves blessures. « Il suffit qu’un manifestant prenne à la main une grenade offensive au moment où elle explose et il peut avoir la main arrachée, c’est déjà arrivé », a expliqué cette source. L’utilisation de l’une ou l’autre de ces grenades dépend de la situation et de l’appréciation des forces de l’ordre qui, lorsque cela est possible, doivent prévenir les manifestants que des grenades vont être tirées.

Mais les spécialistes se montrent catégoriques : ces deux types de grenades ne peuvent tuer, sauf improbable concours de circonstances. Dans l’hypothèse où l’une de ces grenades aurait provoqué la mort de Rémi Fraisse, tous les experts évoquent une combinaison avec un autre élément comme un fumigène, une cartouche de gaz ou même peut-être un aérosol.

LE GOUVERNEMENT DOIT « ASSUMER SA RESPONSABILITÉ »

Pour désamorcer la polémique, le ministre de l’intérieur a donc préféré prendre les devants. Après les annonces du procureur mardi, les voix s’étaient rapidement élevés pour mettre en avant la responsabilité du ministère. Le Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon a ainsi réclamé la démission de Bernard Cazeneuve : « C’est aux responsables politiques du maintien de l’ordre d’être sanctionnés. En République, la démission du ministre Cazeneuve est la seule façon pour le gouvernement d’assumer sa responsabilité », écrit le PG dans un communiqué.

L’écologiste Noël Mamère avait pour sa part estimé que « la commission d’enquête parlementaire s’impose pour savoir si les forces de l’ordre ont été contrôlées ». « On ne peut pas construire un barrage sur un cadavre ; pour des raisons morales et éthiques, ce projet ne peut être poursuivi. Nous sommes confrontés à une affaire d’Etat » a-t-il encore expliqué.

Après avoir témoigné de sa « compassion pour la douleur de sa famille », le premier ministre, Manuel Valls, a, lui, tenu à défendre son ministre de l’intérieur et les forces de l’ordre. « Je n’accepterai pas les mises en cause, les accusations qui ont été portées en dehors de l’hémicycle à l’encontre du ministre de l’intérieur », a-t-il affirmé avant d’évoquer le « travail extrêmement difficile » des forces de l’ordre « confrontées souvent à une violence extrême », a-t-il déclaré mardi lors de la séance de questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale.

Presse de la bourgeoisie de gôche (lemonde.fr), 28 octobre 2014