[Poitiers] Un défilé un peu austère contre l’austérité

NdPN : le contexte appellerait à une révolte massive et résolue. Exaspération et colère sont bien là mais malgré des mouvements de grève assez suivi, l’ennui règne dans la rue… présent-e-s, les libertaires l’ont été, mais ces formes de mobilisation un peu trop sages suffiront-elles face aux attaques du gouvernement et du patronat ? (Ré)inventons de nouvelles formes de lutte, face à des dirigeants qui se satisfont bien de contestations en forme de randonnées pédestres bien encadrées ! Le 9 avril a été un point de départ, saurons-nous transformer l’essai tou-te-s ensemble ?

Plus de 1.500 dans la Vienne contre l’austérité

L’appel à la grève lancé au plan national a été entendu à Poitiers et Châtellerault. Au total plus de 1.500 personnes ont défilé contre l’austérité.

Sous la menace d’un plan social ou déjà informés de leur prochain licenciement, ce sont plusieurs dizaines de salariés d’Itron, de Mory Global, Autoliv Isodelta qui ont pris la tête du cortège des manifestants hier après-midi à Poitiers.

Du mal à imaginer son avenir

1.200 actifs et retraités se sont rassemblés à la gare répondant ainsi à l’appel à la grève interprofessionnelle lancé par les syndicats FO, CGT, FSU, Solidaire, dans le cadre d’un mouvement national contre dixit Alain Barreau, secrétaire général de l’UD FO, « le Pacte d’austérité du gouvernement ». Lutte Ouvrière, le PCF ou encore Europe Ecologie les Verts s’étaient joints également au défilé, comme quelques jeunes. A 18 ans, Esteban, en Bac pro Ebénisterie, n’est pas là par hasard.
Il est en colère, inquiet. « On a peur parce qu’à l’heure actuelle, nos parents survivent à cause des problèmes d’emploi, de chômage, d’impôts. » Il a du mal à imaginer son avenir professionnel. « Après mon bac pro, je ne suis pas sûr de décrocher un contrat auprès d’un artisan pour poursuivre son apprentissage. C’est déjà difficile d’obtenir un stage, alors… » Le lycéen poitevin rejoint le cortège et trois autres copains. Il participera au défilé, jusqu’au bout, à travers les rues du Plateau jusqu’à la place Leclerc pour la prise de parole, sous les fenêtres du député maire.
A Châtellerault, l’appel national a été relayé par l’union locale CGT. Après s’être rassemblées devant la mairie, 300 personnes ont défilé boulevard Blossac pour dénoncer la politique menée par le gouvernement. « On n’a jamais eu autant de mesures anti-ouvrières, contre le peuple », affirme Jean-Yves Huet, un des responsables de l’organisation syndicale.

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Quatre syndicats et les autres ?

L’appel à la manifestation pour contester la politique d’austérité était certes interprofessionnel mais pas tout à fait intersyndical. Trois organisations syndicales ne l’ont pas relayé. La CFDT, la CFTC et l’Unsa (Autonomes), syndicats dits « réformistes » étaient absentes des défilés. Jean-François Roland, secrétaire départemental du SE-Unsa, évoque les raisons pour lesquelles l’organisation qu’il représente n’y a pas participé. « On ne partage pas l’analyse des autres organisations syndicales sur le pacte de responsabilité et sur la réforme territoriale. À l’Unsa, les mots d’ordre globalisants, on n’est pas vraiment pour. On préfère des plates-formes plus resserrées, sur des thèmes précis. Enfin, conclut le délégué départemental, c’est compliqué au niveau salarial. Dans l’Éducation nationale, on ne peut pas faire une heure de grève comme ça peut se faire dans le secteur privé. »

repères

15 % de grévistes au CHU

Le CNI (syndicat des professionnels de santé) a également appelé à cesser le travail. Hier en début d’après-midi, 15 % de l’ensemble du personnel du CHU de Poitiers étaient en grève soit 167 personnes et 210 personnels assignés.

Nouvelle République, 10 avril 2015