[Civaux] Drones : « Le nucléaire est déjà suffisamment inquiétant en soi »

NdPN : alors que l’assemblée nationale prévoit de renforcer son arsenal pénal contre les antinucléaires (intrusions dans les centrales nucléaires passibles de un an de taule et 15000 à 45000 euros d’amende), la menace de survol des centrales nucléaires par des drones est agitée. La Nouvelle République s’en fait le relais. La représentante de l’UFC-Que choisir s’interroge…

La centrale de Civaux face à la menace des drones

Si aucun drone n’a encore été détecté au-dessus du site nucléaire, des mesures de sécurité ont été prises pour répondre à cette menace nouvelle.

 Quinze des dix-neuf centrales nucléaires françaises ont été survolées par des drones au cours des quatre derniers mois. À ce jour, aucune des incursions signalées ne concerne les deux réacteurs de Civaux.

Si plusieurs alertes ont bien été recensées, la présence d’aucun drone n’a été confirmée. « Nous n’en avons pas vu », assurait le directeur de la centrale EDF de la vallée de la Vienne, la semaine dernière. « C’est une question à laquelle on s’intéresse… Des mesures ont été prises, je n’en dirai pas plus. »
Les services de l’État chargés d’assurer la sécurité du site confirment. Et observent la même discrétion sur la réponse apportée à cette nouvelle menace : « Concernant les moyens de protection et de détection mis en place, je ne peux malheureusement vous donner d’informations, ni un représentant de l’État, car tous ces éléments relèvent de documents classifiés «  Confidentiel Défense  » », explique l’adjointe de la responsable du service communication de la préfecture de la Vienne.

«  Des moyens militaires importants ont été déployés  »

La situation est néanmoins préoccupante. Le président de l’Association nationale des comités et commissions locales d’information (Anccli) a d’ailleurs écrit au ministre de la Défense, en novembre dernier, pour exprimer son désarroi « face aux nombreuses interrogations et inquiétudes légitimes émanant des populations riveraines des installations nucléaires ». « La préoccupation principale dans cette affaire des drones port(e) essentiellement sur la vulnérabilité des piscines des réacteurs et des alimentations électriques », ajoute-t-il, estimant que « d’autres bâtiments pourraient être fragilisés ».
Dans sa réponse datée du 10 décembre, le directeur adjoint du cabinet du ministre explique que « le dispositif de protection autour des installations nucléaires a été renforcé ». « Des moyens militaires importants (jumelles de vision nocturne, systèmes de radiogoniométrie et de télémétrie, hélicoptères) ont été déployés », précise le courrier. Plusieurs groupes de travail interministériels ont par ailleurs été mis en place « afin d’améliorer la capacité de l’État à lutter contre l’emploi des drones à des fins malveillantes ».

«  Une certaine vulnérabilité  »

A Poitiers, le professeur Roger Gil, président de la commission locale d’information (CLI) de Civaux, reconnaît que les survols des centrales « démontrent une certaine vulnérabilité » mais ne privilégie pas la thèse terroriste. « Je me demande si ces drones ne s’arrangent pas pour être vus. On est plutôt dans le registre de la provocation », estime-t-il.
La représentante de l’UFC-Que Choisir au sein de cette même CLI prend également soin de ne « pas faire de catastrophisme ». « Le nucléaire est déjà suffisamment inquiétant en soi », insiste Jeanne-Marie Granger qui s’interroge : « A-t-on affaire à des petits rigolos, à des gens qui veulent vraiment menacer la sécurité ou bien à quelqu’un qui cherche à vendre du matériel de détection des drones ? » C’est toute la question.

Baptiste Bize, Nouvelle République, 5 février 2015