[Poitiers] Régularisation de la famille Khanoyan

NdPN : seule la lutte paye.

Un titre de séjour de 4 mois pour une famille arménienne

Sous la menace d’une obligation de quitter le territoire, la famille Khanoyan a obtenu un répit de la préfecture. Juste avant une manifestation de soutien.

La préfecture de la Vienne a accordé mercredi matin un récépissé de quatre mois à une famille arménienne arrivée à Poitiers en 2008 avec ses trois enfants. La mobilisation du collectif poitevin « D’ailleurs nous sommes d’ici » qui appelait à une manifestation à 12 h 30 devant la préfecture n’est sans doute pas pour rien dans l’octroi de ce titre provisoire. « La préfecture a promis un titre de séjour d’un an à l’issue des quatre mois, a ajouté hier Yvon Plaçais, porte-parole du collectif. Durant cette période, le père, Karen Khanoyan, pourra travailler. On espère qu’il retrouvera son travail dans l’abattoir deux-sévrien qui l’avait précédemment embauché. »

«  Résultats scolaires excellents  »

Cet emploi, Karen Khanoyan l’a perdu en février 2014 après son interpellation par police et son placement dans un centre de rétention à Bordeaux. Avec son épouse, il s’était, pourtant, bien inséré dans la ville de Poitiers. Leurs trois enfants sont scolarisés et obtiennent des résultats « excellents », selon leurs enseignants. L’aînée au lycée Camille-Guérin, la cadette au collège Ronsard – elle siège au conseil d’administration de l’établissement –, et le benjamin à l’école Coligny-Cornet.
Les deux plus jeunes ont également un engagement sportif à l’ASPTT Natation synchronisée et au Poitiers Football Club. Après vingt jours passés au centre de rétention de Bordeaux, le père ayant perdu son emploi, intervenait comme bénévole avec son épouse au Secours Populaire.
Yvon Plaçais : « Ils répondaient parfaitement aux critères de régularisation de la circulaire Valls du 28 décembre 2012. Il leur était reproché d’être entré en France sous une fausse identité. »
Depuis un an, la famille Khanoyan vivait donc dans l’incertitude la plus grande (lire ci-dessous) et était privée de ressources. Le collectif « D’ailleurs nous sommes d’ici » veut croire que la promesse d’un titre de séjour d’un an ouvrira la possibilité d’un avenir à Poitiers.

à suivre

Menacée de perdre son logement

> La famille Khanoyan vit actuellement dans un logement privé à Poitiers. Sans ressources du fait de l’obligation faite aux parents de quitter le territoire français (et de l’interdiction de travailler) elle a accumulé les loyers impayés (5.000 €).
> Avec la fin de la trêve hivernale, le 31 mars, la menace d’une expulsion pourrait être effective. Le collectif « D’ailleurs nous sommes d’ici » veut croire que la décision préfectorale fera lever cette menace. « Si Karen Khanoyan retrouvait un travail, une difficulté majeure serait levée. »
> Le collectif met, par ailleurs, en avant le droit pour tout enfant de suivre des études « dans des conditions décentes ».

Jean-Jacques Boissonneau, Nouvelle République, 19 mars 2015