[Poitiers] Le prof de philo entendu pendant quatre heures

Mis à pied après l’attentat contre Charlie Hebdo, Jean-François Chazerans est passé devant la commission de discipline de l’académie, hier, à Poitiers.

Ses soutiens étaient environ quatre-vingts à 13 h 40 pour accompagner Jean-François Chazerans jusqu’aux grilles qui barrent l’entrée du rectorat. Encore huit à 18 h 10 pour l’accueillir à la sortie. Durant plus de quatre heures, hier, le professeur de philosophie du lycée Victor-Hugo de Poitiers a été entendu par la commission administrative paritaire d’académie réunie en formation disciplinaire.

Il avait été mis à pied, en janvier dernier, pour des propos tenus en classe au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo et rapportés par les parents d’une élève : « Ces crapules de Charlie Hebdo ont mérité ce qu’elles ont eu. »

«  J’ai parlé de crapules, oui  »

« Je n’ai jamais dit ça ; l’enquête l’a établi. Pourtant, on continue de me le reprocher », s’étonne Jean-François Chazerans. « J’ai parlé de crapules, oui. Mais c’est tout. » Depuis, le procureur de la République a classé le dossier sans suite sur le plan pénal en estimant que le délit d’apologie d’acte de terrorisme n’était pas caractérisé.
Sur le plan administratif, l’Éducation nationale devait encore se prononcer. La commission de discipline qui s’est réunie hier est chargée de rendre un avis tenu secret. Le recteur qui doit rendre une décision dans les dix jours n’est toutefois pas tenu de le suivre.
« Ils cherchent à m’accrocher sur l’ensemble de mon œuvre, à d’autres choses que j’aurais dites avant mais ce n’est pas l’objet de cette commission de discipline », déplore le professeur de philosophie.
« On s’écarte de la saisine », dénonce son avocat, Me Auzou plutôt satisfait pour le reste : « On a senti que les membres de la commission avaient la bonne lecture du dossier. On a pris le temps de reprendre tout l’affaire de A à Z. On a tout mis dans la balance. » Il faudra néanmoins encore attendre quelques jours pour savoir de quel côté penchera le recteur.

Baptiste Bize, La Nouvelle République, 14 mars 2015