LGV Tours-Bordeaux : après les promesses, la triste réalité

NdPN : ce n’est pas faute de l’avoir dit et répété sur ce blog : outre le désastre écologique et le racket d’argent public qu’elle présuppose, une LGV (ligne à grande vitesse) ce sont des « créations d’emplois » qui non seulement ne sont pas pérennes, mais stérilisent l’emploi à long terme en concentrant les infrastructures et en réduisant à terme le nombre de salarié.e.s. Ce constat est vieux comme le capitalisme : la machine remplace l’homme qui est sommé de la fabriquer. La LGV, c’est aussi et surtout l’un des dispositifs les plus manifestes de la métropolisation du territoire, induisant une désertification des zones rurales et des petites villes, en concentrant les flux dans les « pôles urbains » désignés par les barons de l’aménagement du territoire. A présent que cette LGV Tours-Bordeaux est quasi achevée, les élus (et les bureaucrates de la CFDT) qui ont promu et soutenu ce projet destructeur se plaignent des conséquences sociales du dispositif. Honte à ces collaborateurs de la LGV et à tous les politicards qui saccagent notre monde ! Nous devons lutter contre la construction de la LGV Poitiers-Limoges, et de tous les autres projets délirants à venir.

Le secteur des travaux publics redoute l’après-LGV

La CFDT demande un plan d’urgence pour venir en aide aux entreprises des travaux publics afin d’accompagner la fin de la première phase du chantier.

Après l’aubaine, l’angoisse. Alors que la première phase du pharaonique chantier de construction de la ligne ferroviaire à grande vitesse Tours-Bordeaux s’achève, le comité de pilotage mis en place par l’union régionale de la CFDT s’inquiète de l’absence de perspectives pour de nombreux salariés recrutés et formés par le concessionnaire et ses sous-traitants.

« Sur 1.500 salariés recrutés au cours de cette phase, seuls 25 % ont retrouvé une activité, selon les chiffres qui nous ont été communiqués », précise Jean-Marie Mazeau, de l’union départementale de Charente.

«  On ne pensait pas que ce serait aussi catastrophique  »

Le secrétaire général de l’union régionale de la CFDT, Bernard Giret, pense en particulier aux personnes qui ont bénéficié des clauses d’insertion : « Il y a des gens qui commençaient à relever la tête et qui en reprennent un coup. On savait que les reclassements seraient compliqués mais on ne pensait pas que ce serait aussi catastrophique. »
Le syndicat point de doigt le coup d’arrêt donné aux grands travaux alors que les entreprises du BTP sont très dépendantes de la commande publique. Il dénonce aussi le non-respect de la directive sur les travailleurs détachés de l’Union européenne qui fausse la concurrence : « Nos entreprises sont en train de perdre le peu de marchés qu’il reste », constate Ludovic Anquetil, délégué CFDT au sein d’ETF, filiale d’Eurovia. « Il n’est pas possible que des boîtes allemandes qui emploient des ouvriers polonais soient 20 % moins cher si elles respectent la directive. Il faut que l’État renforce les contrôles. »
Bernard Giret demande la mise en place d’un « plan d’urgence » pour venir en aide aux entreprises du secteur avec du chômage partiel et des formations professionnelles pour permettre de tenir jusqu’au lancement du prochain contrat de plan État-Région dont le volet routier et ferroviaire prévoit plusieurs chantiers.

Baptiste Bize, Nouvelle République, 16 mars 2015
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Mise à jour PN : Lire aussi les jérémiades de politicards locaux appelant à « l’union sacrée » (décidément…) dans cet autre article de la Nouvelle République.